Act Up-Paris se félicite que le prix Nobel de médecine récompense les co-découvreurSEs du virus du sida – et en particulier que le jury rappelle là qu’il y avait une femme et pas seulement un homme derrière cette découverte. Nous espérons que la responsabilité supplémentaire qui incombe désormais à Luc Montagnier l’incitera à davantage de vigilance dans ses déclarations de plus en plus souvent à l’emporte-pièce sur le sida. Nous dénonçons enfin l’hypocrisie de l’Elysée, qui se félicite de ce prix alors qu’elle sabre dans les crédits de l’ANRS.
Le Prix Nobel de médecine a été conjointement décerné ce matin aux Pr. Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier pour leurs travaux ayant conduit à la découverte du VIH en 1983. Nous ne pouvons qu’applaudir à cette nouvelle, qui vient rappeler que Françoise Barré-Sinoussi partage la maternité de cette découverte avec son collègue et supérieur de l’époque, ce qui fut bien souvent oublié depuis 25 ans.
Néanmoins, le prix Nobel implique une grande responsabilité, et nous sommes inquietEs à cet égard. En effet, Luc Montagnier multiplie depuis quelques années les messages alarmistes, comme dans son livre « Les combats de la vie » dans lequel il soutient – sans s’appuyer sur aucune source sérieuse – que la transmission du VIH par voie respiratoire ne serait « pas impossible ». Nous demandons à Luc Montagnier de redoubler d’attention dans ses propos, car il est lassant pour les associations de devoir ensuite démentir ses discours alarmistes.
Par ailleurs, l’Elysée a diffusé ce matin un communiqué de presse adressant ses félicitations aux deux chercheurEs ; Ce communiqué s’avère scandaleusement hypocrite : en 2008, le Ministère de la Recherche a baissé les crédits de l’Agence Nationale de Recherche contre le Sida et les hépatites virales (ANRS) de 40 millions d’euros annuels à 37,6 millions, soit une diminution de près de 6% ; et le Ministère des Affaires Etrangères a baissé les siens de 3 millions à près d’1,5, réduisant sa contribution de 50%. Une chose est sûre : compte tenu du désengagement actuel de l’État dans la recherche publique en France, aucune recherche effectuée sur le VIH/sida aujourd’hui ne permettrait d’obtenir un prix Nobel de médecine dans 25 ans.