Ce contenu a 16 ans. Merci de lire cette page en gardant son âge et son contexte en tête.

Le 5 février dernier, nous organisions une Assemblée Générale sur la pénalisation de la transmission du VIH, précédée d’une tribune dans Le Monde et suivie d’un débat sur France Culture.

Cette question, enfin portée sur la place publique, confirme ce que l’on redoutait : il y a deux mondes qui se croisent difficilement – celui de la lutte contre le sida (militantEs, malades, médecinEs, chercheurEs) pour qui la pénalisation est contre-productive et celui de la « majorité » pour qui le sida existe à peine, et qui aimerait bien voir en tout séropositifVE unE coupable potentielLE. Le système juridique se croit clairvoyant et condamne pour « administration de substance nuisible entraînant une infirmité à vie » les séropositifVEs accuséEs d’avoir transmis le VIH. La Justice n’hésite pas alors à envoyer en prison des personnes déjà fragilisées physiquement et psychologiquement par la maladie, les condamnant sans preuves tangibles. Ces accuséEs devraient être acquittéEs en bénéficiant de la présomption d’innocence. La justice pense être face à des délinquantEs, sans tenir compte du nombre de contaminations annuelles, sans se poser la question du pourquoi des contaminations, sans pouvoir imaginer ce que c’est que de vivre le sida au quotidien Certes, les séropositifVEs se doivent d’être responsables, mais c’est également le cas de tout le monde. Pourquoi face au sida les seulEs séropos devraient être investiEs de cette responsabilité ? Les contaminations continuent au même rythme désespérant. Et les campagnes publiques de prévention d’être toujours aussi affligeantes : si, par exemple, au lieu de dire « Avant d’arrêter le préservatif, faites le test », l’INPES avait le courage de prendre à bras le corps le thème des relations extraconjugales pour alerter sur les risques d’absence d’utilisation de capotes dans un couple parce qu’il veut se croire « fidèle », combien de contaminations auraient pu être évitées ? Patient, sois rentable ou ferme-la Tandis que la loi HPST[[Hôpital Patient Santé Territoire : projet de loi visant à réorganiser la gouvernance de la santé]] est discutée au Parlement, l’avenir n’est pas rose pour nous, malades du sida en France : Nicolas Sarkozy et Roselyne Bachelot détruisent chaque jour davantage le système de santé. Voilà que nous sommes des malades non rentables. Les services des maladies infectieuses coûtent trop chers comparés à d’autres services, comme la chirurgie, qui font des bénéfices. Selon les nouveaux principes instaurés par ce gouvernement, les services publics doivent désormais être rentables ou fermer. Pourtant le rôle d’un service public est bien de rendre service à toute la population. Les principes de solidarité qui fondent la Sécurité Sociale et le système hospitalier public sont bafoués et la France va rejoindre la trop longue liste des pays à la santé privatisée. Comme dans les pays anglo-saxons, nous allons vers une médecine à deux vitesses : des centres médicaux privés de pointe pour les riches et des hôpitaux surchargés et à la traîne pour les pauvres. Qu’à cela ne tienne, prenez des mutuelles ! Facile à dire alors qu’unE séropostifVE sur deux vit en dessous du seuil de pauvreté… Où sont les 5 milliards qui manquent au fonds mondial ? Les membres du G8 sont sans doute trop occupéEs à renflouer les banques et à colmater les brèches d’une économie en déroute pour trouver quelques milliards de plus pour sauver des vies. Pour Nicolas Sarkozy, il est visiblement plus aisé d’envoyer madame faire risette au Burkina Faso et pointer les défauts de financement de l’Italie que de prendre ses responsabilités dans la lutte contre le sida. Pour respecter les engagements du G8, la France doit augmenter sa contribution au fonds mondial. Nicolas Sarkozy ne veut pas l’entendre. Act Up-Paris aura vingt ans en juin. Il y a dix ans nous disions « 10 ans de trop ! », aujourd’hui nous sommes hélas vingtenaires. Et pour cause : Act Up-Paris est toujours debout contre la destruction de l’hôpital public, contre l’homophobie, contre la pénalisation de la transmission du VIH, pour l’accès aux traitements dans les pays du Sud, pour obtenir de nouvelles molécules, pour plus d’égalité devant l’accès aux soins et l’accès au logement, pour que les contaminations cessent, et tant d’autres choses encore. Pour qu’Act Up-Paris n’ait plus besoin d’exister dans encore 10 ans, rejoignez-nous.

 

Documents joints