La 16e CROI s’est ouverte ce dimanche 7 février 2009 à Montréal.
Soleil éclatant, neige immaculée et froid polaire ont accueilli plus de quatre
mille congressistes de toute la planète.
Quelle n’a pas été notre surprise lorsque nous avons découvert que la célèbre « conférence sur les rétrovirus et les maladies opportunistes » allait tenir sa seizième édition à Montréal, au Canada ! Pour comprendre cet émoi, il faut, en effet, se retourner un peu sur l’histoire de la plus célèbre conférence américaine.
En Juin 1990, la 6e conférence internationale sur le sida qui se tient à San
Francisco est officiellement boycottée par la France en raison de la nécessité pour les séropositifs étrangers de demander un visa spécial. Les Etats-Unis viennent en effet d’adopter une limitation de l’entrée sur leur territoire pour les séropositifs, mesure toujours en vigueur de nos jours malgré le récent vote du congrès en faveur de sa suppression. En 1991, à la conférence mondiale de Florence, le débat est vif : le maintien de la législation américaine concernant les conditions de séjour des personnes atteintes par le VIH provoque une contestation générale. Face à la menace de boycott généralisé de la conférence prévue à Boston l’année suivante, les organisateurs décident son transfert à Amsterdam. En réaction à cette mise au ban, des chercheurs américains créent la CROI, une conférence 100% américaine qui trie sur le volet ses participants et qui affiche des ambitions d’excellence dès le début. La première édition a lieu en février 1994.
C’est donc une petite victoire de voir la frondeuse conférence américaine
s’ouvrir à Montréal. Mais tout le monde semble déjà au fait des motivations des organisateurs pour le choix de la métropole québecoise : c’est le coût de la prestation offerte par le centre de congrès de Montréal qui l’a emporté. La crise économique serait-elle passée par là ?
Une autre innovation vient de marquer le déroulé rituel de la CROI : dans le programme de la plénière d’ouverture, la présence d’un intermède musical. Oliver Mtukudzi est non seulement musicien mais aussi activiste du sida dans son pays, le Zimbabwe, un de ceux d’Afrique où la prévalence du VIH est la plus forte. Non seulement sa musique faite de soul, de mbaquanga sudafricaine et de pop s’enrichit des sons originaux d’instruments africains, mais les paroles anglaises et shona sont militantes. Mais si sa présence nous a réjoui, nous n’avons pu que nous demander si l’artiste et son groupe, the Black Spirits, auraient pu se produire aux Etats-Unis.
Au programme scientifique de la plénière d’ouverture, deux présentations se situaient dans le cadre traditionnel de la CROI. La 14e présentation en mémoire du virologue Bernard Fields était proposée cette année par Robert Siliciano avec pour sujet : » de nouvelles approches pour comprendre et évaluer l’efficacité des antirétroviraux « . La 3e présentation en mémoire de N’Galy et Mann a été proposée par le duo de chercheurs sudafricains de Johanesbourg, Glenda Gray et James McIntyre, pour une présentation à deux vois de plus de vingt ans de travaux sur la transmission du VIH et la recherche opérationnelle qu’ils ont menés à Soweto.
Pour le reste, cette 16e édition promet d’intéressantes sessions dans des
domaines très variées sans grandes annonces mais plutôt avec de nombreux résultats parfois très attendus : la suite de la controverse sur le rôle de l’abacavir dans le risque cardiovasculaire, les premiers résultats du booster mis au point par Gilead qui pourrait remplacer le Norvir d’Abott, de nouveaux résultats pour confirmer ou infirmer le risque de transmission du VIH chez les personnes sous traitement antirétroviral, les résultats des derniers essais de microbicides, de traitement pré-exposition, les leçons qu’on peut tirer des derniers essais vaccinaux et des recherches en cours, l’amélioration de la prise en charge des femmes enceintes, des sessions sur les » elite controlers » ces personnes qui contrôlent naturellement leur infection, de nouvelles observations sur la phase d’intégration du génome viral ou encore les dernières hypothèses sur le maintien du réservoir viral.