On pourrait croire à une blague tant les propos sont peu crédibles. Pourtant l’association Sidaventure de Dordogne[[A ne pas confondre avec l’association réunionaise qui travaille sur la prévention, l’information et le soutien (www.sidaventure.org)]] est tout à fait sérieuse quand elle prétend : « Nous voulons offrir la guérison du SIDA grâce au remède A72 dans la phase II de l’OMS des médicaments à base de plantes pour guérir du SIDA. » Évidemment, aucune de ces affirmations n’a été validée par les autorités sanitaires françaises.
L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSaPS) a, au contraire, lancé une mise en garde, largement reprise par les associations de lutte contre le sida et certains médias. L’AFSSaPS souhaitait de cette façon avertir les personnes vivant avec le VIH sur le fait que le « protocole » expérimental « A72 » ou « JMAR », proposé par l’association Sidaventure, n’a fait l’objet d’aucune autorisation officielle. Elle précisait, de plus, que la participation à ce protocole et en particulier la condition préalable de l’arrêt du traitement antirétroviral, peut entraîner un danger pour la sécurité des personnes. Car le risque est réel : utiliser des plantes pour améliorer son état n’est pas un danger en soi, mais suspendre un traitement antirétroviral, dont on sait que l’observance doit être constante pour éviter toute résistance, peut limiter les choix thérapeutiques ultérieurs. L’AFSSaPS parle de « perte de chance » et de « danger » pour les personnes.
En quoi consiste cette pseudo-étude ?
Les documents adressés aux personnes qui ne les avais d’ailleurs pas demandés, ne correspondent pas aux pièces nécessaires pour donner un consentement éclairé. Sans cette information précise, complète et compréhensible, il n’est pas possible de faire confiance à cette démarche, qui ne peut être en rien qualifiée de recherche. Pour qu’un protocole soit valider en France il doit répondre à certains critères, et mentionner un minimum d’informations légales, ce qui n’est pas le cas dans cette pseudo-étude. L’équipe à l’origine de ce projet utilise des termes très flou pour le definir. Le protocoles A72 ou JMAR est parfois qualifié de participation « au traitement » ou « d’offre de traitement ».
Le produit en lui-même est décrit comme une poudre, « une préparation de plantes, association de neuf types de matières végétales ». Ces plantes magiques viendraient de Madagascar.
Si nous voulions en faire une fiche essai, comme celles publiées dans Protocoles depuis 1997, nous ne pourrions pas renseigner les rubriques : qui peut participer ? ni quel est l’objectif ? Quant au déroulement présenté, les précisions décrites font plus penser à une attitude paranoïaque visant à protéger un quelconque secret industriel qu’à une démarche d’étude : « Et l’administration se fait avec l’aide de l’équipe médicale et sous sa surveillance stricte. Tout instrument servant à cette administration est récupéré totalement par l’équipe. »
Il n’est donc nullement question d’étude, mais bien d’une « offre » qui se rapproche du démarchage auprès de personnes vivant avec le VIH. La CNIL pourrait s’intéresser à leur fichier, et comprendre pourquoi « la Photocopie recto-verso de votre Carte d’Identité certifiée conforme, soit par la mairie, soit par la gendarmerie ou la police » est exigée, alors que cela est illégal.
La présentation des avantages pourrait faire rêver : « guérison définitive et non un blocage de la multiplication virale comme pour les antirétroviraux », « la chance de guérison du SIDA est de 100 % », « disparition des affections accompagnatrices ou opportunistes », « vos forces reviendront au plus tard 5 jours après le début du traitement, aussi bien physiques qu’intellectuelles ». C’est là toute la malhonnêteté de la démarche, car aucune référence certifiée n’est fournie, pas plus que de donnée vérifiée, rien d’autre que ces mots tentateurs.
Soyons attentifVEs
Certaines associations de lutte contre le sida ont décidé de porter plainte. La mobilisation des principales associations et la diffusion du message d’alerte de l’AFSSaPS ont d’ores et déjà permis que l’offre disparaisse du site de Sidaventure Dordogne. C’est un premier pas, mais l’envoi des premiers mails [répétition de premiers + quels sont ces premiers mails ?] reste inquiétant, et nous incite à rester vigilantEs. De plus, si le site de l’association a su retirer l’offre en ligne, le site www.positivement-votre.com donne largement la parole à Christian Cavalli, président de Sidaventure Dordogne qui développe ses arguments et se présente comme persécuté [ce site a-t-il été créé après la fermeture de l’autre ? Cela pourrait être intéressant à noter]. Les documents attestant de la soi-disant efficacité du produit s’y accumulent, mais sans présenter la moindre preuve scientifique étayée.
A retenir
L’objectif de Sidaventure Dordogne n’est en rien de la recherche. Il ne faut pas y participer. Nous ne pouvons que suivre l’alerte de l’Afssaps qui « met (…) en garde les personnes infectées par le VIH sur les risques pour leur santé de participer au protocole A72 ou JMAR et leur recommande de ne pas interrompre leur traitement antirétroviral ». Des produits « miracles » fleurissent régulièrement dans différentes régions du monde, sans qu’aucun n’ait démontré l’efficacité présentée. Après le Colladeter fait d’injections de mimosa, les produits de Mirko Beljanski, ou le Viralgic, ce nouveau produit, n’est qu’une mystification de plus.