Irak : LGBT assassinéEs, tout le monde se tait
Act Up-Paris a interpellé le 15 avril, Adil ABD AL-MAHDI, le Vice-Président de la République d’Irak, sur les persécutions dont font l’objet les LGBT dans ce pays, et dénoncé le silence complice du gouvernement français.
Cette action visait à dénoncer les récents massacres de gais irakiens et le silence qui les entoure. Dans les deux derniers mois, une vingtaine d’hommes homosexuels – ou supposés tels – ont été assassinés à Sadr City. L’association Iraqi LGBT alerte depuis la communauté internationale sur ces assassinats massifs. Chaque jour, les lesbiennes, gais, bis et trans’ en Irak font l’objet de persécutions et de violences physiques et morales. Pourtant Adil ABD AL-MAHDI continue d’être reçu officiellement par l’État français, pour intervenir dans une conférence qui part du postulat que « la situation en Irak semble entrer dans la voie de l’apaisement et de la réconciliation entre les différentes communautés. Le niveau de violence a fortement décru (…) ».
En Irak, l’homosexualité n’est plus pénalisée. Cependant, les autorités politiques et religieuses, et des milices, mènent une guerre sans fin aux LGBT et tiennent régulièrement des discours d’incitation à la haine à leur égard.
Selon un activiste de l’association Iraqi LGBT, 600 personnes auraient été tuées depuis 2004, du fait de leur homosexualité. Après les LGBT, leurs familles font aussi l’objet d’oppressions, voire de crimes sanglants. En plus des atteintes graves aux droits humains, les exactions que connaissent les LGBT en Irak font le jeu morbide de l’épidémie de VIH/sida.
Adil ABD AL-MAHDI a ensuite été reçu par Nicolas Sarkozy et nous avons attendus en vain que le gouvernement français s’exprime sur le sort des LGBT persécutéEs en Irak et fasse jouer la diplomatie française pour que cessent ces violences. Au regard des engagements pris par Rama Yade le 17 mai 2008, et en perspective du congrès mondial contre l’homophobie à l’initiative du gouvernement français qui aura lieu le 15 mai prochain, il serait intolérable que la France ne dise rien, ne fasse rien et se taise encore une fois.
Act Up-Paris exprime son soutien à l’association LGBT Iraqi et aux lesbiennes, gais, bis et trans’ oppriméEs en Irak. Act Up-Paris exige :
– que les autorités irakiennes cessent les persécutions, les emprisonnements et les massacres programmés de lesbiennes gays, bi et trans’ ;
– que Nicolas Sarkozy, en tant que chef d’Etat, condamne fermement les violences faites aux lesbiennes, gais bis et trans’ en Irak, conformément aux engagements pris par le gouvernement français ;
– que le gouvernement français ouvre le droit d’asile aux personnes persécutéEs dans leur pays d’origine en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre.
Leonetti c’est la guerre, les belles-filles en colère
Chargé d’une mission sur le statut du beau-parent, le député UMP Jean Leonetti rassure les lecteurs du Figaro du 9 avril : « Je ne crois pas qu’il faille créer des droits spécifiques pour un type de population ». Comme si la polémique déclenchée par l’avant-projet de loi était liée au fait qu’on donne des droits spéciaux aux pédés et aux gouines !
Non, M. Leonetti, avoir une loi qui s’applique à tous et toutes, ce n’est pas « créer des droits spécifiques pour un type de population », c’est respecter les principes d’égalité qui fondent la République-Une-Et-Indivisible dont vous vous réclamez. Retournez prendre des cours d’éducation civique. En refusant d’inclure les familles homoparentales dans cette discussion, c’est vous qui leur donnez un statut spécifique : celui de rester exclues de la société. Mais la majorité à laquelle vous appartenez nous a tant habituéEs à cela que votre homophobie ne surprendra personne.
Bien sûr, Jean Leonetti se veut grand seigneur : « J’ai eu connaissance d’un cas où un juge avait confié l’enfant d’une mère décédée à la compagne de cette dernière car le père n’était jamais présent. Je ne suis pas choqué par ce type de décision. » Merci, M. Leonetti, pour tant de condescendance. Vous militez pour le « cas par cas », mais uniquement quand il s’agit des familles homoparentales. Bref, seulEs les hétéros sont dignes de l’universalité de la loi.
Les pédés et les gouines, quant à elles/eux, doivent montrer patte blanche : « Nous allons auditionner des pédopsychiatres et des juges aux affaires familiales. Les premiers nous aideront à comprendre les problèmes susceptibles de perturber l’évolution d’un enfant dans différents types de compositions familiales. » On en conclut que l’homoparentalité est un « problème susceptible de perturber l’évolution de l’enfant ». On imagine les pédopsychiatres faire des exposés savants sur le thème : « Quand belle-maman écoute Sinead O’Connor toute votre enfance : Bruno Bettelheim à la rescousse ! » ou un juge des affaires familiales trancher sur une affaire de vol de rouge à lèvre entre une fille et son beau-père. Tout un programme.
Tous les pédopsychiatres, tousTEs les juges des affaires familiales n’y feront rien : exclure les homos du mariage, de la parentalité, de l’adoption ou du statut de beau-parent est une pratique homophobe.
Quand le Burundi condamne, le Sénégal libère
Le Burundi vient de légaliser la discrimination envers les homosexuelLEs. Le Président Pierre Nkurunziza a promulgué une loi qui criminalise « les pratiques sexuelles entre personnes de même sexe », passibles de deux années d’emprisonnement. Ce pojet de loi traîne depuis novembre 2008 et a provoqué des manifestations nationales en faveur de cette loi et une mobilisation nationale et internationale pour défendre les droits de l’Homme. Le lobby des partisans homophobes a gagné avec l’entrée de l’article 567 dans le Code pénal Burundais.
Au même moment au Sénégal, la Cour d’appel de Dakar annulait la procédure judiciaire à l’encontre des neufs Sénégalais condamné à huit ans de prison ferme pour homosexualité. Ces jeunes hommes, tous âgés de moins de 30 ans, étaient en prisons depuis décembre accusés d’« acte impudique et contre nature et association de malfaiteurs ». Leur remise en liberté est un soulagement, même si l’homosexualité reste interdite et passible d’une peine d’un à cinq ans d’emprisonnement.