Nos associations ont rencontré le 22 avril 2009, M. Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères et européennes et Mme Carla Bruni-Sarkozy, ambassadrice du Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, pour discuter des perspectives futures de l’engagement de la France dans la lutte internationale contre le sida. Résultat : de l’autosatisfaction et peu d’action.
Les faits : l’épidémie de sida continue à tuer près de 6 000 personnes par jour dans le monde ! Malgré les progrès réalisés dans le domaine de l’accès aux soins et aux traitements, moins d’un tiers des personnes devant être traitées reçoivent les médicaments qui pourraient allonger et améliorer leur vie avec le VIH. Le Fonds Mondial n’a plus assez de ressources pour financer tous les projets techniquement et scientifiquement validés qui lui sont soumis par les pays les plus pauvres. D’ici à 2010, il lui manque au moins 5 milliards de dollars US.
« Dans les pays du sud, nous ressentons déjà les conséquences des coupes budgétaires imposées à Delhi », a déclaré pendant le rendez-vous le Dr Hakima Himmich, présidente de l’ALCS-Maroc. « Ces coupes vont avoir un impact direct sur l’accélération de la mise sous traitements antirétroviraux » a ajouté Eric Fleutelot, directeur général adjoint de Sidaction, « par exemple, à l’intérieur d’une même famille, dans de nombreux cas, on va devoir demander à des parents de choisir entre leurs enfants pour définir lequel pourra être mis sous traitement, et lequel ne le pourra pas faute de traitement disponible ».
Notre demande : la France doit s’engager à accroître son soutien à la lutte contre le sida, en augmentant sa contribution au Fonds Mondial (lequel permet la mise en place de programmes efficaces) et en l’articulant à une coopération bilatérale renforcée.
En présence de Mme Carla Bruni-Sarkozy et de conseillers du Président de la République, M. Bernard Kouchner a clairement exclu toute augmentation de la contribution de la France au Fonds mondial, confirmant juste le maintien de son financement actuel. Ce rendez-vous avec les acteurs de la lutte contre le sida ne permet donc aucune avancée concrète. A minima, le gouvernement concède que sa politique bilatérale de lutte contre le sida doit être plus dynamique.
Finalement, cela signifie que la France ne pourra pas respecter les engagements pris lors du G8 de Glenneagles de voir tous les malades du sida qui en ont besoin dans le monde sous traitement d’ici à la fin de 2010.
Nous regrettons la position française de ne pas augmenter la contribution financière de la France au Fonds Mondial ; nous exigeons de Bernard Kouchner qu’il propose rapidement des solutions concrètes pour assurer le respect des engagements français dans la lutte contre le sida, notamment en vue de l’échéance d’accès universel au traitement en 2010. Enfin, nous appelons M. Bernard Kouchner et Mme Carla Bruni-Sarkozy à prendre publiquement position sur la nécessité d’une action globale volontariste dans le traitement de la pandémie.