Act Up–Paris appelle à rejoindre la manifestation le 28 avril à 11H00 de Montparnasse au Sénat
Certains représentants autoproclamés de malades et d’usagers du système de santé voudraient aujourd’hui nous faire croire que la fronde lancée par les médecins hospitaliers à l’égard du volet hôpital du projet de loi HPST ne serait que l’expression d’un corporatisme médical. En tant que personnes vivant avec le VIH/sida, nous avons pourtant choisi de soutenir cette contestation. Qu’une organisation comme Act Up-Paris puisse rejoindre un mouvement de médecins ne va pas de soi. Les dernières discussions autour du vote de ce projet de loi, tant sur le refus de soin que sur la question des dépassements d’honoraires, nous ont clairement montré combien nos intérêts pouvaient souvent diverger de ceux défendus par les syndicats de médecins.
À ceux qui feignent de penser que ce projet de loi ne fait que remplacer le pouvoir médical par celui d’une direction forte, nous affirmons que laisser croire que nous devrions nous satisfaire de la substitution d’un pouvoir par un autre, en l’occurrence ici purement gestionnaire, est une tromperie. C’est bien l’équilibre des pouvoirs qu’il faut d’abord rechercher. Or, ce n’est pas l’esprit de la loi HPST.
Nous faisons les frais depuis plusieurs années d’une tarification à l’activité inappropriée pour des pathologies chroniques et évolutives complexes qui conduisent à une grave dégradation des conditions d’accueil dans les services censés nous soigner : délais de rendez-vous délirants, personnel infirmier insuffisant, restriction sur les soins. Alors comment nous satisfaire d’un texte sur l’organisation de la prise en charge médicale, voté en urgence, sans débat public et après le simulacre d’une « concertation » plus soucieuse de « vendre » un texte que d’écouter ses interlocuteurs, ? Au final, comme au départ, ce texte ouvre la voie à la privatisation de l’hôpital et au renforcement d’une gestion purement comptable de l’offre de soin. Qu’aurions nous à gagner du volet hôpital d’un texte qui ne prévoit rien de sérieux pour organiser enfin réellement la coordination des soins des personnes entre la ville et l’hôpital ?
Pour nous qui subissons quotidiennement la pénurie budgétaire et à la désorganisation de l’hôpital public, il paraît évident que la prise en charge médicale hospitalière en France doit être réformée. Mais nous pensons qu’elle doit l’être autrement. Et lorsque des médecins hospitaliers exigent que la logique des soins reste centrale dans l’organisation de l’hôpital, que l’on tienne compte de son rôle de service public notamment pour les personnes les plus malades et les plus précaires, nous choisissons notre camp. Ce n’est certainement pas celui du pouvoir médical mais c’est celui de notre droit à être correctement soignés indistinctement de notre maladie ou de nos ressources. C’est celui de notre parole de malades que nous comptons bien faire entendre aussi bien des médecins que du gouvernement.
Act Up-Paris exige :
– le retrait du volet Hôpital du projet de loi HPST
– un réel débat public sur l’organisation des soins qui associe les premiers concernés