Le Premier Ministre français, François Fillon, est ce mercredi 20 mai, jusqu’à samedi, en visite officielle au Cameroun, puis au Nigeria, deux pays très durement frappés par la pandémie de sida.
A l’heure où le Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, traverse une grave crise financière, et que les conséquences pour les populations dans les pays d’Afrique sub-sahariennes risquent d’être dramatiques d’ici l’automne, le premier ministre français n’a évidemment prévu, pour son déplacement au Nigeria et au Cameroun, aucune rencontre avec les acteurs locaux de la riposte aux trois grandes pandémies, ni aucun discours officiel expliquant comment la France va contribuer à atteindre les objectifs d’accès universels aux traitements d’ici 2010. Bien au contraire, très loin d’être l’enjeu central de son déplacement, le premier ministre — qui, depuis qu’il a été nommé à Matignon, n’a pas prononcé une seule fois le mot « sida » — n’axera son déplacement qu’exclusivement sur les intérêts de la France, notamment dans l’industrie d’extraction de pétrole. Indéniablement, l’accès à la santé des Nigérians et des Camerounais, n’intéresse pas le premier ministre français. Aussi, dans un souci de grande transparence, le bureau du Premier Ministre ne publie aucune information sur cette visite (http://www.premier-ministre.gouv.fr/acteurs/agenda_818/). Nous appelons M. François Fillon à répondre à la question suivante : si les moyens du Fonds mondial sont gelés, comment assurera t-on le respect des engagements de Nicolas Sarkozy du 7 juillet 2007 d’atteindre l’accès universel aux traitements du sida d’ici 2010 ? * * * Au Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique, 3,1% de la population adulte est séropositive, ce qui représente 2,4 millions de personnes vivant avec le VIH. Environ 800 000 ont besoin d’un traitement antirétroviral aujourd’hui pour pouvoir espérer survivre, mais moins de 200 000 y ont accès aujourd’hui. L’an dernier, 170 000 Nigérians sont morts du sida. Au Cameroun, 5,5% de la population adulte est séropositive, ce qui représente environ 1 million de personnes vivant avec le VIH. Environ 180 000 d’entre elles ont besoin d’un traitement antirétroviral aujourd’hui, mais seulement 60 000 en bénéficient. L’an dernier, 40 000 Camerounais sont morts du sida. Ce communiqué s’inscrit dans la campagne « Re-Mind the gap ».