Depuis 1999, des membres de la Commission Droits Sociaux tiennent une Permanence Juridique à Act Up-Paris tous les mercredis après midi.
La « Permanence Juridique ou PJ » nommée ainsi en RH d’une manière provocatrice, a rapidement connu un essor considérable. Des dizaines de personnes se retrouvaient à l’accueil, bavardant entre elles, ou muettes, repliées sur elles-mêmes.
C’est grâce au travail de la « PJ » relayée par le groupe qu’un zap de la COTOREP a été organisé. Il visait à faire cesser les abus en matière de renouvellement de dossiers, que ce soit en termes de délais d’instruction, de rupture de paiement de l’AAH ou de non reconnaissance de handicaps lourds. Grâce à ce zap, nous avons obtenu une réunion hebdomadaire entre la COTOREP de Paris et la CAF de Paris pour examiner les dossiers des personnes dont le dossier était en suspens afin que celles-ci ne se retrouvent pas en rupture d’AAH à cause des délais anormalement longs de traitement. Aujourd’hui la CAF de Paris maintient pendant 12 mois le paiement de l’AAH après la date de sa validité.
La Permanence Droits Sociaux a été pionnière en pointant diverses problématiques dont plus particulièrement celle du « Logement ». En relayant ce sujet auprès de la nouvelle Mairie de Paris, nous avons obtenu au lendemain de son élection, que le Maire de Paris réunisse les associations de lutte contre le sida en encourageant la création de la Plateforme interassociative pour le logement – sida (PILS).
La Permanence suit toujours des dossiers de logement (100 dossiers ont abouti à un relogement et 330 dossiers ont été instruits), tout en s’attachant, avant toute chose, à informer les personnes reçues et à les guider sans faire à leur place. Outreach & Empowerment sont nos maîtres mots. Nous invitons et guidons les personnes à faire elles-mêmes dans une construction / reconstruction de leur propre vie. Nous respectons leurs choix, restons en support et pouvons intervenir dès que cela devient nécessaire.
En dix ans, nous avons reçu 1 100 personnes, avons eu plus de 3 600 rendez-vous qui ont majoritairement concerné l’Ile de France. Les personnes que nous suivons actuellement sont terriblement précarisées, psychologiquement très atteintes et d’une extrême fragilité. Pourtant, nous savons que nous ne voyons pas la grande misère, car celle-ci ne se voit que rarement. Quand unE malade a tout tenté sans succès, il ou elle en est à un point où même essayer devient inutile frôlant quelques fois l’absurde.
Actuellement, la Permanence est composée d’une équipe de six personnes. Nous militons pour que bientôt, touTEs les malades puissent obtenir une copie de leur dossier social à l’instar de leur dossier médical. Ceci leur permettrait de recueillir d’autres avis et de suivre d’autres pistes que celles parfois imposées. Nous militons pour trouver des solutions concrètes et rapides aux problèmes de la population séropositive vieillissante, usée par des années de traitements, de maladies opportunistes, d’échecs, de deuils, etc.
Si l’homophobie fait couler beaucoup d’encre en ce moment, la séropophobie n’en est pas moins pire, dans un univers qui nous demande d’oublier notre maladie, nos traitements au bénéfice d’une rentabilité par le travail, alors que, pendant ce temps, la justice nous qualifie parfois de criminelLEs. Bassement comptables, les pouvoirs publics, quels qu’ils soient, nous déshabillaient de nos droits et de notre prise en charge.