En 1997 naissait Protocoles. C’était pour Act Up-Paris la pierre angulaire de notre projet information=pouvoir constitué par les RéPI et l’édition du 1er guide, la collection, consacré aux essais cliniques et édité l’année précédente. A l’origine Protocoles était le bulletin d’information d’Act Up-Paris sur les essais cliniques.
Il avait pour objectif premier d’informer les personnes vivant avec le VIH des protocoles de recherche qui existaient, d’en expliquer les objectifs de façon claire, et de donner notre point de vue critique. Protocoles permet aux malades d’être informés de l’état de la recherche, d’avoir accès à une information que l’on ne trouve pas ailleurs, de pouvoir trouver des moyens de changer de stratégie ou de traitement quand le sien ne fonctionne pas,. C’est aussi pouvoir confronter des informations reçues par son médecin avec une analyse produite par des malades. Mais Protocoles est utile aussi à des médecins qui face à des échecs virologiques ou immunologiques cherchent des pistes à proposer à leurs patients quand celles qu’ils ont tentées s’épuisent. C’est enfin un outil important pour les chercheurs, investigateurs et autres professionnels impliqués qui trouvent dans Protocoles un relais pour diffuser l’information et élargir le recrutement pour des inclusions dans les essais. Le travail mené avec l’Agence Nationale de Recherche sur le sida et les hépatites (ANRS) nourrit abondamment les pages de Protocoles depuis le début de cette aventure. Nous obtenons par leur biais les informations nécessaires aux objectifs menés (cités plus haut). Nul doute que l’ANRS a compris l’enjeu et l’intérêt d’une publication telle que Protocoles. Il semblerait qu’une autre agence nationale en revanche ne l’ait toujours pas compris. Comment caractériser cela ? Manque de conscience, d’intelligence, d’intérêt ? Enjeux non assimilés ? En 2004, l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (AFSSaPS) cessait du jour au lendemain de nous informer des essais déposés auprès d’elle par les firmes pharmaceutiques, les Centres hospitaliers universitaires, l’ANRS et tout autre organisme de recherche promoteur d’essais cliniques. Cette étape est obligatoire avant de commencer un essai sur le territoire français. L’AFSSaPS contactée avant le lancement de Protocoles en 1996 nous envoyait régulièrement, dès l’essai enregistré, un courrier nous informant du titre de l’essai, des coordonnées du/de la promoteurE et de la personne à contacter afin que nous puissions obtenir, ou pas, selon l’interlocuteur/trice, les détails du protocole. Une palme pourrait être décernée ici au laboratoire Roche pour sa mesquinerie dans la rétention maximale d’information ou à GlaxoSmithKline qui s’est toujours contenté de nous envoyer un résumé tellement condensé de leurs essais que le tout tenait sur une simple feuille A4 (parfois recto verso !). Les derniers courriers de l’AFFSaPS datent de juin 2004 ; malgré nos relances multiples, nous n’avons reçu par la suite de l’unité des essais cliniques que 3 annonces d’essai. La raison invoquée : « un manque de personnel ». Sauf que la mise sous enveloppe d’une lettre type, actualisée informatiquement ne semble pas être un travail qui nécessite l’embauche de plusieurs salariéEs. La raison qui nous sera donnée plus tard est tout autre. Le fautif, le responsable est le répertoire d’essai cliniques, le fameux répertoire instauré par la loi de Santé Publique d’août 2004. Depuis plusieurs années, le répertoire des essais cliniques en ligne rode dans les couloirs de l’AFSSaPS sans jamais trouver le bon bureau, semble-t-il. Avec les administrations, tout est toujours compliqué ma bonne dame ! Ce projet qui tarde et justifie l’arrêt de l’information des associations, devait justement remplacer le dispositif existant, et qui fonctionnait, par un système beaucoup plus performant, mais qui ne fonctionne toujours pas… Le ministère de la Santé a signé le décret concernant le répertoire en décembre, il est paru le 22 janvier 2009 au Journal Officiel, pour être mis en application le 22 mai 2009. Relancée récemment, l’AFSSaPS s’étonnait presque de notre colère. Ce sont les délais réglementaires, nous manquons de personnel, blablabla. En attendant, des essais ont lieu en France (les dossiers sont déposés à l’AFFSaPS), mais nous n’avons d’information que grâce au site américain Clinical Trials qui publie les essais que les promoteurEs aviséEs leur envoient, l’ANRS restant notre principale source d’information française..