Alors que depuis 2003 l’Afssaps nous a privés des données nécessaires à la diffusion d’information sur les essais cliniques menés en France, elle se contente aujourd’hui de la mise en ligne d’un répertoire quasiment vide de contenu.
En 1997 Act Up-Paris lançait Protocoles le journal destiné à informer les personnes vivant avec le VIH des essais cliniques auxquels elles pouvaient participer. Nous avons convenu un « accord » avec l’Afssaps pour qu’elle nous envoie les informations concernant les recherches déposées à l’Agence (titre des essais, promoteurs, coordonnées).
En 2004 pour des raisons techniques, ces informations ont cessé de nous parvenir, malgré nos relances répétées. L’argument avancé pour expliquer cette rupture de communication a été le « fameux répertoire d’essais cliniques » que des normes européennes rendaient obligatoire aux pays de l’Union. La mise à disposition publique de ces données a apparemment pris énormément de temps, d’énergie et d’argent à l’Afssaps.
5 ans on a le temps de mourir
5 ans pour créer un répertoire. 5 ans sans trouver les moyens de continuer à informer les associations de malades. 5 ans de travail sûrement intensif pour aboutir à un répertoire quasiment vide, ne contenant que deux essais sur le VIH alors que dans le même temps nous avons publiés plus de 30 fiches essais. Certes on nous expliquera que les moyens mis à disposition étaient insuffisants, que la ministre de la Santé a pris du retard pour signer le décret, que la loi n’oblige pas à la rétroactivité. Le décret publié en janvier dernier indiquait que seuls les essais publiés après les 3 mois suivant la publication au journal officiel étaient concernés. Alors pourquoi faire plus quand on peut se contenter du minimum ? A moins que le travail de traduction des essais du français à l’anglais (car le contenu du répertoire de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des produits de Santé est en anglais !) ne soit trop prenant.
L’Afssaps se vante d’avoir créé un répertoire dont les fonctionnalités permettent de faire des recherches par thème(s) (maladie, traitement, promoteur) ou d’avoir accès à la liste complète des essais cliniques répertoriés. A l’utiliser, on module cette publicité. Le répertoire des essais cliniques mérite largement un D tant rien n’est pas simple. Pour obtenir les deux fiches essais concernant le VIH, il faut inscrire dans les critères de recherche, non pas sida, ni VIH, mais HIV…
Que font les autres Agences ?
En attendant que les pouvoirs publics français ne se décident à mettre en oeuvre la loi d’août 2004 qui fait une obligation à l’AFSSAPS de publier un répertoire des essais cliniques, il y en a d’autres qui n’ont pas besoin d’invitation spéciale pour le faire et répertorient tous les 48 085 essais de 153 pays dont la France. C’est le site clinical trials des Etats Unis qui nous permet encore aujourd’hui d’obtenir les informations nécessaire à la poursuite de notre travail d’information journalistique et militant sur la recherche sur le VIH. Heureusement ce site complet a permis de pallier l’inefficacité de l’Agence française. Du côté de l’Europe un répertoire similaire est proche d’être publié, et contrairement à celui de l’Afssaps il devrait être rétroactif.
Une fois de plus l’Administration a montré tout son savoir faire et son incompétence pour ralentir une bonne communication et mettre à mal un système qui fonctionnait bien. Si ce numéro de Protocoles présente plusieurs fiches essais, ce n’est pas grâce à ce répertoire. Les deux essais ANRS ne s’y trouvent pas, l’essai de Tibotec pourtant bien déposé à l’Afssaps depuis le 22 mai, non plus.
Une coïncidence ?
Alors que dans notre dernier édito, nous pointions l’absence de répertoire sur le site de l’Afssaps, à peine quelques jours plus tard, il était mis en ligne. Avons-nous le pouvoir immense de faire apparaître ce genre d’outils ? Plus sérieusement nous n’en sommes pas persuadés mais ce hasard de calendrier nous a tout de même fait plaisir. Reste à remplir plus précisément les colonnes et à améliorer grandement sa maniabilité.