Pour la première fois, un résultat encourageant a été publié concernant un vaccin préventif contre le sida. Si la recherche vaccinale, et la lutte contre le sida dans son ensemble, doivent ainsi être soutenues et renforcées, la seule protection contre le VIH demeure aujourd’hui encore, mais peut-être plus éternellement, le préservatif.
Ce sont les chercheurs nord-américains du Programme militaire de recherche sur le VIH qui ont rendu public en septembre des résultats encourageants. L’essai de phase III mené en Thaïlande depuis 2003 sur plus de 16 000 volontaires testait une technique de vaccination avec Alvac-HIV® et Aidsvax®. Comparée à un placebo, cette vaccination s’avère capable de réduire le risque d’infection par le VIH de 31,2%.
L’ampleur de l’essai, très controversée à ses débuts, a permis de tester le candidat vaccin auprès d’un groupe représentatif de la population générale thaïlandaise, et définie comme étant « à risque moyen d’infection ». Le vaccin a été construit en tenant compte de la spécificité des virus circulant dans cette population. La technique employée fait partie des pistes longuement mûries par les chercheurs au fil des échecs précédents.
Les objectifs de l’essai étaient d’obtenir une réduction de la contamination par le VIH, en comparant un groupe de personnes vaccinées à un groupe recevant du placebo, et en cas de transmission, d’obtenir une faible charge virale. Les vaccins ont été administré à la moitié des participants à raison de 4 injections de Alvac-HIV® et de 2 injections de Aidsvax®. Cette stratégie de vaccination avait pour but d’augmenter la capacité du système immunitaire à mieux répondre à une possible infection. Ce modèle de vaccination a été nommé « prime-boost », prime définissant la première action de vaccination par Alvac-HIV®, boost, l’action d’augmenter cet effet par Aidsvax®. Des conseils de prévention, ont également été fourni tout au long de l’étude.
Résultats
Dans le groupe vaccin, sur 8 000 participants, 51 ont été contaminé, dans le groupe placebo, 74 des 8 000 volontaires ont eux aussi été infectés par le virus. En comparant les niveaux de charge virale, on ne remarque pas de différence entre les deux groupes.
La réduction de la transmission du VIH est une première nouvelle positive concrète en 26 ans de recherche sur le vaccin contre le VIH. Pour la première fois, la recherche vaccinale VIH engrange un résultat significatif capable d’orienter positivement ses travaux. Mais elle démontre surtout au public et à ses bailleurs de fonds que son travail n’est pas vain et qu’un effort décisif est maintenant nécessaire. C’est le résultat d’une œuvre collective, nourrie de 26 ans de combats acharnés des chercheurs, activistes et communautés contre le virus. Cela démontre que le financement de la lutte contre le sida dans son ensemble n’est pas un gouffre sans fond et que la recherche médicale la plus avancée ne se construit pas dans la durée des mandats électoraux, les plus rudes batailles demandent de la persévérance de la part des chercheurs, certes, mais surtout de ceux qui les soutiennent, et ce, au-delà de la gloire qu’ils espèrent en tirer à court terme.
Mettre un pied devant l’autre ett recommencer
Pour autant, il est inutile de se précipiter en masse chez son médecin demain matin en exigeant d’être vacciné contre le sida. En effet, si grande que soit cette victoire, il est inconcevable de s’en contenter. Comme le rappelle le Dr. Alan Bernstein, directeur de la Global Aids Vaccine Enterprise, « la réduction du risque d’infection par le VIH obtenue dans cette étude est modeste mais donne une orientation décisive aux futures recherches. Les chercheurs, financeurs et défenseurs du vaccin VIH doivent continuer à travailler ensemble pour comprendre ce qui fait le résultat de cette procédure vaccinale, comment son efficacité peut être améliorée, s’il est possible de la reproduire ailleurs dans le monde et comment développer de nouveaux candidats vaccins capables d’étendre le pouvoir de protection atteint ici ». En effet, le schéma de vaccination testé (6 injections en 4 séances), le sous-type choisi (qui ne concerne pas l’Afrique) et l’importance des conseils de prévention font de ces résultats un modeste premier pas, et en même temps une étape très importante quand on veut commencer à marcher…
A retenir
Autrement dit, le préservatif reste encore le moyen de se protéger de la transmission du VIH. Cette annonce permet simplement d’imaginer qu’un jour ce ne soit peut-être plus le cas.