La concurrence des combats n’est pas seulement obscène, elle donne des armes à celles et ceux qui ne veulent rien faire.
Le sida, c’est glamour. C’est le chef du département de santé de l’Unicef, Mickey Chopra, qui le dit dans le New York Times du 30 octobre 2009. 1,5 millions d’enfants meurent de diarrhée chaque année. Même si son coût est modique, seulEs 4 enfants sur 10 ont accès à la solution qui permet de les réhydrater pour les sauver.
Mickey Chopra pourrait appeler les pays riches à donner davantage. Non, il préfère jouer la concurrence entre les causes: « Toute l’attention s’est portée sur des maladies plus glamour ».
On le sait, la concurrence des combats est obscène et contre-productive. Quand la représentante d’Action contre la faim, lors d’un rendez-vous d’ONG avec le président Sarkozy le 16 septembre 2009 lance: « On est en train de parler depuis trop longtemps du sida alors qu’on meurt plus de la faim dans le monde que du VIH », elle n’insulte pas simplement les séropositifVEs. Elle donne des armes à Sarkozy pour opposer les combats, diviser les combattantEs et ainsi ne rien faire. La lutte contre le sida est inclusive. L’épidémie a frappé historiquement les excluEs, homos, usagerEs de drogues, travailleurSEs du sexe, migrantEs qui ont dû développer des stratégies inédites de solidarité. Le VIH affaiblissant le système immunitaire, les personnes vivant avec ce virus sont particulièrement vulnérables aux problèmes sanitaires, écologiques ou alimentaires. Les oppositions entre les combats sont ineptes. Question à Mickey Chopra, à Action contre la faim ou à touTEs celles et ceux qui rendent la lutte contre le sida responsable d’avoir masqué leur propre cause : parmi les bébés qui meurent de diarrhées, parmi les personnes qui meurent de faim, combien sont séropositifVEs ?
Et pourquoi faudrait-il renoncer à l’accroissement de l’aide au développement ? Mickey Chopra n’a-t-il pas le courage politique de demander plus pour l’aide au développement, quand l’argent publique est dépensé sous nos yeux par milliards pour sauver les bénéfices des banques? Non, il est plus simple, et cela fait courrir moins de risque pour le maintien de son poste, de parler de « glamour » quand on parle d’autres maladies ! 6000 mortEs par jour, des engagements non tenus, l’exclusion, la discrimination : c’est vrai que tout cela fait trés Rita Hayworth.