La prévention n’est pas affaire de mode, elle est affaire politique. On entend trop dire que le discours centré sur la capote aurait échoué, qu’il faudrait passer à autre chose. Mais qui, en dehors d’Act Up-Paris, pose la question des raisons politiques de cet « échec », à commencer par l’invisibilité et l’inefficacité des campagnes publiques sur le préservatif ?
Alors, à force d’affirmer que mettre la capote c’est trop dur, que le discours de prévention, c’est culpabilisant, que tout ça, c’est très compliqué, on entretient le renoncement face à l’épidémie et le relâchement des pratiques safe. Et si on arrêtait de dire que le discours sur la capote a échoué ? Si on cessait d’entretenir le sentiment de fatalité face au nokpote ? Si on se disait que la prévention, c’est joyeux, responsable, plaisant, excitant ? Face aux contempteurSEs de la capote, rappelons les bonnes raisons de rester safe. En voici 12, une par mois.
Je mets la capote (et du gel) parce que :
– 1. Parce que c’est le seul moyen fiable de se protéger du VIH. Ce n’est pas le « meilleur » moyen, c’est le seul.
– 2. Parce que plaisir et responsabilité ne sont pas contradictoires. La capote me permet de baiser tranquille, elle est aussi une preuve de confiance ou d’amour envers mon partenaire.
– 3. Parce que ça fait chier Benoît XVI et touTEs les intégristes, et que cette idée me stimule hautement
– 4. Parce qu’il y a toutes les autres IST, pénibles en elles-mêmes, encore plus dangereuses si j’ai le VIH.
– 5. Parce que contrairement à la capote, un porte-perfusion ne rentre pas dans mon sac à main.
– 6. Parce que la capote lutte contre l’exclusion et la discrimination. Elle m’évite d’avoir à choisir mes partenaires en fonction de mon statut sérologique et de ce que je suppose être le leur – je ne souhaite pas mener d’enquête sur l’état de santé des personnes avec qui je baise.
– 7. Parce qu’il y a aussi les hépatites, et que la co-infection VIH-VHC ne vaut pas une baise sans capote.
– 8. Parce que la capote rythme l’action. Elle me permet de savourer la fin des préliminaires, en mettant en place un petit rituel excitant. Et, si je suis une femme qui n’aime pas cette coupure, j’utilise le femidom.
– 9. Parce que nettoyer à la Javel mes godes, en pleine action, non merci.
– 10. Parce que c’est aussi un outil de contraception et que mon corps m’appartient.
– 11. Parce que je n’ai pas envie de foutre ma bite dans la merde. Même si j’aime les plans scato, je tiens à ce que ce soit conscient et volontaire.
– 12. Parce que la baise aussi peut être altermondialiste et que je trouve insultant de faire la fine bouche face à cet outil de prévention quand des milliers et des milliers de personnes dans le monde n’y ont pas accès.