L’enquête PREVAGAY avait déjà montré que, parmi les gays fréquentant les bars parisiens, une personne sur six était infectée par le VIH et 20 % ignoraient leur statut sérologique. Depuis, des données d’incidence particulièrement dramatiques ont été publiées à partir de cette étude. Ces
chiffres sont tellement effarants que personne n’a pu les commenter.
En février 2010, l’InVS a rendu public une première estimation de l’incidence issue de l’enquête PREVAGAY.Le nombre de personnes ayant contracté le virus du sida dans l’année parmi la population qui fréquente les établissements gays parisiens s’élève à 7,5 %.Ce qui signifie que parmi cent personnes,au moins sept gays se sont contaminés dans l’année.
Autrement dit, si le rythme des contaminations se maintenait pendant les prochaines années,près d’un tiers des gays dans cette population seraient infectés dès 2011 et la moitié en 2015. Une autre manière d’aborder ces chiffres est d’envisager le risque qu’a en moyenne un jeune gay qui aurait sa première relation sexuelle à 18 ans de devenir séropositif au cours du temps.Avec une telle incidence,il a 25% de risque de devenir séropositif dès 22 ans, 50% dès 27 ans et 75% à 36 ans.C’est dire combien ces résultats sont particulièrement alarmants.
À notre connaissance, il s’agit des chiffres d’incidence les plus élevés jamais publiés concernant la population gay dans les pays occidentaux. On peut ainsi s’étonner que l’ensemble des associations ainsi que les pouvoirs publics soient restés totalement silencieux à l’annonce de ces résultats qui
auraient au moins mérité une franche discussion.
Les premiers résultats de l’enquête PREVAGAY avaient déjà mis en évidence que 17,7% des gays qui fréquentaient les bars parisiens étaient séropositifs et qu’un sur cinq ignorait sa contamination.La grande majorité de ces derniers avaient pourtant fait un test de dépistage dans l’année (65%). Ces
chiffres confirment qu’une politique fondée sur le seul renforcement du dépistage, s’il est indispensable,ne peut suffire à réduire l’épidémie chez les gays.Compte-tenu de la forte prévalence de l’épidémie dans cette population et du niveau de l’incidence, le risque y est plus important qu’ailleurs et
exige un renforcement de l’usage du préservatif,seul à même de prévenir la transmission en particulier dans un contexte de multipartenariat important.
D’aucun sauront pu prétendre que l’enquête PREVAGAYportant sur les homos fréquentant les bars ou les backrooms n’était pas représentative de la population pédé. Mais même si cela était vrai, ne faudrait-il pas s’inquiéter de ces résultats pour la seule population étudiée. De plus, les données comportementales recueillies dans l’étude ne semblent pas faire apparaître de différences notables avec la population étudiée dans le Baromètre gay et les gays qui draguent sur internet. Sans compter que de nombreux participants étaient des provinciaux en séjour à Paris.
Il faut dire qu’une autre étude estimait l’incidence parmi les homosexuels français à 1% en 2008.Un taux déjà 200 fois supérieur à celui rapporté dans la population hétérosexuelle française. Mais, conduite à partir de la déclaration obligatoire de séropositivité,cette étude ne comprenait pas les personnes récemment infectées qui n’avaient pas encore fait le test.Par ailleurs,elle ne permettait pas de récolter des données comportementales pour mieux cerner la population concernée. À bien des égards, PREVAGAY présente des résultats plus réactifs et qui permettent de mieux faire le
lien entre les pratiques sexuelles et les contaminations. Plutôt que de considérer ces résultats comme contradictoires, il convient de considérer qu’il est nécessaire de disposer de modèles différents pour évaluer l’incidence du VIH chez les gays.
Act Up-Paris qui avait largement soutenu la réalisation de PREVAGAY, exige aujourd’hui qu’elle soit rapidement reconduite au niveau national pour disposer d’une photographie plus précise de la dynamique de transmission de l’épidémie chez les gays et ce afin de mieux cibler les actions de prévention à mener.