Facteurs de risque associés à l’apparition d’un Kaposi sous traitement antirétroviral efficace
Grâce à la mise à disposition de combinaisons de traitements antirétroviraux, l’incidence du sarcome de Kaposi a considérablement diminuée. Cependant, même après une réponse aux multithérapies antirétrovirales, il existe toujours des cas de Kaposi (Voir Protocoles 53 d’octobre 2008.) L’âge et la durée d’infection par le VIH sont souvent mis en avant pour expliquer cette persistance, sans que la question ait véritablement été approfondie. CASCADE (Concerted Action of Seroconversion to AIDS and Death in Europe ou Action concertée sur la séroconversion au sida et de la mort.) est le nom d’une action concertée regroupant 25 cohortes de personnes avec une bonne estimation de leur période de séroconversion et vivant en Europe, Australie, Canada et Afrique sub-saharienne. A partir de données recueillies dans le cadre de la collaboration CASCADE, un groupe de chercheurs franco-italo-britanniques s’est attaché à identifier les facteurs associés à cette persistance. Leurs conclusions ont été publiées dans le numéro du 2 juin 2010 du journal de l’institut national du cancer américain.
Dans cette étude, les chercheurs s’appuient sur les données de 9 473 hommes homosexuels dont 555 ont été diagnostiqués pour un sarcome de Kaposi entre 1986 et 2006 et 70 diagnostiqués après la mise sous traitement. C’est la première étude qui examine une association entre le risque de Kaposi et la durée de l’infection par le VIH ainsi que l’historique de l’immunosuppression. Les chercheurs concluent que c’est un niveau bas de lymphocytes CD4 dans les 6 mois précédant le diagnostic qui ressort comme associé à une augmentation de l’incidence du sarcome de Kaposi chez ces hommes sous traitement antirétroviral. Concrètement, voici ce que cela donne si l’on s’intéresse à l’incidence des sarcomes de Kaposi rapportés en fonction du nombre de CD4 et en prenant pour référence l’incidence pour un nombre supérieur ou égal à 500 cellules /mm3 : les rapports d’incidences sont de 4,11 pour entre 350 et 499 CD4, 3,55 pour entre 200 et 349 CD4 et 18,91 pour un nombre de CD4 inférieur à 200 (incidence dans le groupe considéré divisée par l’incidence dans le groupe avec un nombre de CD4 supérieur ou égal à 500).
Aucune association n’a été établie entre la durée de l’infection, le nadir de CD4 ou l’âge – à ceci près, comme le discutent les auteurs, que l’âge moyen était en dessous de la quarantaine et qu’il n’est donc pas possible d’établir un lien avec un âge plus avancé. Par ailleurs, comme les chercheurs le soulignent aussi, une des limites de l’étude est qu’aucune information n’est présentée sur l’adhérence au traitement ; enfin, autre limite : le faible nombre de cas pertinents pour la question posée (70 cas) et la durée de suivi qui est d’environ quatre ans et demi seulement.