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Directeur du Fonds mondial, apprécié jusqu’à présent par les activistes, Michel Kazatchkine a remercié la France pour l’augmentation ridicule de sa contribution au Fonds mondial. Il contribue ainsi à la politique de communication de Nicolas Sarkozy, et masque les besoins réels de la lutte contre le sida.

Comment en est-il arrivé là ? Act Up-Paris s’est procuré l’enregistrement de ses méditations. La scène se passe dans son bureau, à Genève. Michel regarde un crâne en plastique, souvenir de ses premières années de médecine.

« Être, ou ne pas être offensif, c’est là la question. Y a-t-il plus de noblesse d’âme à subir la fronde et les flèches des riches dirigeants qu’ à cautionner une mer de douleurs ? Laisser faire, rien de plus… Oui, laisser faire! peut-être espérer! Oui, là est l’embarras. Car quels espoirs peut-il nous venir dans ce renoncement ? Voilà qui doit nous inciter à dire que ce montant est insuffisant, que le Fonds ne va pas couvrir les besoins, que ce que devrait donner la France n’est rien comparé aux sommes dépensées pour aider les traders et les banques.

Mais c’est cette réflexion-là qui nous vaut la calamité d’une si dure charge. Qui, en effet, voudrait supporter les flagellations et les dédains du grand monde, l’injure des administrateurs représentant les pays riches, l’humiliation d’une défaite lors des nouvelles élections pour mon poste, les angoisses d’efforts de complaisance méprisés ? Qui voudrait porter ces fardeaux, même s’il sait que ce serait la seule solution pour que l’opinion publique soit réellement informée sur les pays qui vont être privés d’argent, sur les malades qui vont mourir faute de soins ? Supporter l’opprobre des activistes auxquels je ne réponds déjà plus, supporter l’horreur d’une hécatombe, tout cela n’est rien ! Allons, ma décision est prise.

Ainsi la conscience fait de nous tous des lâches; ainsi les couleurs natives de la résolution blêmissent sous les pâles reflets de la pensée; ainsi les entreprises les plus énergiques et les plus importantes se détournent de leur cours, à cette idée, et perdent le nom d’action… Doucement, maintenant ! Voici les journalistes… Nymphe, dans tes oraisons souviens-toi de tous mes péchés. »