Ce mardi 5 octobre 2010 se tient à New York la Conférence de Reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, principal système d’acheminement de l’aide financière anti-sida des pays riches vers les pays pauvres. Cette conférence de reconstitution permet aux pays donateurs de préciser le montant de leur contribution financière pour le prochain cycle budgétaire du Fonds mondial : 2011-2013.
D’après nos informations, les donateurs dans leur ensemble vont porter leurs financements pour 2011-2013 à 12 milliards de dollars. Or, 9 de ces 12 milliards sont déjà gagés pour continuer à alimenter les programmes de traitements et de prévention déjà lancés (le traitement du sida, par exemple, est pour l’instant un traitement à vie). Il ne reste donc que 3 milliards de dollars – soit 1 milliard par an sur 2011-2013 – pour espérer prendre en charge davantage de malades. Cela constitue une décélération de 2/3 par rapport au rythme de financement actuel : 3 milliards de dollars par an en 2009.
Les chiffres de l’ONU et du Fonds mondial montrent que, pour 2011-2013, il faut au minimum doubler le rythme annuel de financement, en passant de 3 à 6 milliards de dollars par an (soit 20 milliards en tout sur les trois années 2011-2012-2013). Le Fonds mondial a calculé la différence de vies humaines entre ces deux rythmes : sont dans la balance le traitement de 3 millions de malades du sida en urgence thérapeutique, d’1 million de bébés dont la mère est séropositive et qu’une prévention protégera du virus, et de 3 millions d’orphelins du sida qui ont besoin d’une prise en charge sociale.
Ce doublement global impliquait de doubler aussi la contribution française au Fonds mondial, de 300 à 600 millions d’euros par an. Au lieu de cela, le Président de la République a décidé de se contenter de 360 millions d’euros par an, bien loin des 600 millions nécessaires.
Ces 600 millions annuels demandés pour le Fonds mondial sida pèsent moins de 10% des profits annuels d’un seul laboratoire français comme Sanofi ou d’une seule banque comme BNP Paribas. Si la France taxait ses titres boursiers nationaux comme le fait déjà la Grande-Bretagne, cela lui rapporterait près de 5 milliards d’euros par an, qu’elle pourrait consacrer à l’augmentation de son aide public au développement.
Un monde sans sida est possible : des chercheurs ont démontré que, en soignant tous les séropositifs par trithérapie, on peut mettre un terme à cette pandémie, qui a déjà tué 25 millions de personnes.
Nos associations avaient manifesté à l’Assemblée Nationale le lundi 20 septembre dernier, pour appeler le Président et le Parlement à maintenir, dans le budget 2011 de la France, le doublement de la contribution française au Fonds mondial. Au nom de la faisabilité d’un monde sans sida, nous réitérons aujourd’hui notre appel.