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Jeudi 28 octobre, les ministres de la Santé et de la Justice doivent présenter un plan sur « la prise en charge sanitaire des personnes détenues » qui traite, entre autres, du sida et des hépatites en prison. Hélas, ce plan continue d’ignorer l’usage de drogues en prison. Il ne s’engage pas sur l’application effective de la suspension de peine pour raison médicale pour les personnes incarcérées séropositives et co-infectées VIH/hépatites[[90% des personnes séropositives incarcérées sont également co-infectées selon le rapport d’expert Delfraissy, 2002]] et le développement des alternatives à l’incarcération. Lâche et hypocrite, il passe à côté de son sujet.

prison-2.gif Les contaminations par le VIH et les hépatites en prison sont majoritairement dues à l’usage de drogues. Or, sur ce point, le plan ne dit absolument rien ! Des mesures de réduction des risques infectieux au VIH et aux hépatites sont proposées concernant « la coiffure, le piercing et le tatouage »… des mesures sans doute bienvenues, mais qui occultent cyniquement la prévention liée à l’usage de drogues en prison ! Aucun matériel de réduction des risques liés à l’usage de drogues n’est accessible en prison (matériel stérile d’injection, de sniff…). Ceux-ci ont pourtant fait leur preuve en milieu libre, faisant chuter le nombre d’usagerEs de drogues contaminéEs au VIH de manière significative. Ce choix idéologique niant la consommation de drogues en prison est criminel. Il fait fi des recommandations unanimes des professionnels et associations : rapport d’expertise collectif INSERM de juillet 2010 ; avis CNS de septembre 2009 ; recommandations du rapport Yéni 2010… Les premiers résultats de l’enquête PRI2DE font ainsi état d’une situation inadmissible et illégale : les prisons françaises ne respectent pas le principe d’égalité des moyens de prévention entre la prison et le milieu libre, ce principe ayant pourtant été réaffirmé par la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009. Comment peut-on prétendre mener une politique de santé pour les personnes incarcérées sans se soucier de réduction des risques liés à l’usage de drogues en prison ? Pour le reste, la prison n’est pas un lieu de soins ! Si la prise en charge médicale doit être améliorée en prison, ce sont prioritairement les alternatives à l’incarcération, les aménagements de peine et la suspension de peine pour raison médicale qui doivent être appliqués afin que les personnes séropositives bénéficient de la prise en charge médicale et sociale dont elles ont besoin. Aujourd’hui des malades meurent en prison alors que leur état de santé exige une suspension de peine pour raison médicale, comme Eric Piedoie, co-infecté VIH/VHC toujours incarcéré à la maison d’arrêt de Grasse (06)[[Voir communiqué inter-associatif du 24 septembre 2010 ]]. Les prisons sont pleines à craquer, les malades subissent des conditions de détention insalubres, mortifères, leur état de santé est aggravé par la peine disproportionnée qui leur est infligée. Il est urgent et nécessaire que les pouvoirs publics mettent fin à leur politique inefficace du tout répressif. Ce plan en est loin. Act Up-Paris dénonce l’hypocrisie de ce plan et la lâcheté du gouvernement à propos du sida et des hépatites en prison. Act Up-Paris exige : – la promotion et l’application immédiate des alternatives à l’incarcération, des aménagements de peine et suspension de peine pour raisons médicales ; – la stricte égalité dans l’application des politiques de réduction des risques liés à l’usage de drogues entre prison et milieu libre.