Chaque mercredi une poignée de militantEs d’Act Up tient une pemanence des droits sociaux (PDS) et accueille les personnes embourbées dans des situations aberrantes. Cette rubrique a pour but de présenter un florilège de ces cas et des actions menées.
Un détenu meurt à la prison de Grasse.
Eric Piedoie, 51 ans, est incarcéré à la maison d’arrêt de Grasse. Il est un co-infecté par le VIH et le VHC, et non soigné pour son hépatite C depuis janvier 2009 (toxicité du traitement). Sur la base du certificat du médecin UCSA attestant d’un « pronostic vital engagé à court terme » il a fait, début juillet, une demande de suspension de peine d’urgence (nouvelles disposition art 7120-1-1 du Code de procédure pénale depuis loi pénitentiaire 24.11.2009).
Mais la Juge d’application des peines a quand même désigné un médecin expert, ce dernier a vu Eric le 8 août, lui a dit qu’il avait conscience de la gravité de la situation et rendrait son rapport au plus vite…
Le rapport obtenu début septembre reconnaît la co-infection, le stade cirrhose avancée, l’absence de soins pour le VHC mais conclut que l’état de santé n’a pas évolué depuis un an ; que le pronostic vital « n’est pas engagé à court terme » ; que M. Piedoie suit un traitement suffisant en prison, son état de santé reste donc compatible avec la détention. Malgré 25 certificats médicaux établis par des médecins UCSA attestant que le pronostic vital de Eric est engagé à court terme, le rapport de ce soi-disant « expert » judiciaire prédomine.
L’audience de la commission prévue le 13 octobre n’a pas eu lieu, car la Juge d’application des peines qui devait statuer s’est dessaisie du dossier pour le confier au Tribunal d’application des peines (TAP). Un nouvel expert spécialiste du VIH a été désigné et devait rendre son rapport début novembre, ce n’est qu’ensuite que le sort d’Eric sera connu. Nous craignons que la décision ne tienne compte que des deux rapports des médecins experts. Si la décision du TAP devait être de maintenir Eric en détention celui-ci, bien entendu, ferait appel, mais nous Act Up, agirons de toutes les façons possibles pour le faire sortir. Eric symbolise vraiment le dysfonctionnement de tout le système carcéral et judiciaire concernant les séropositifs co-infectés et incarcérés, c’est pourquoi nous le soutiendrons jusqu’au bout.
Colère = Action
Depuis que nous sommes saisis de ce dossier, nous avons déjà publié trois communiqués de presse, alerté le ministère de la Santé et le ministère de la Justice et saisi le contrôleur général des prisons. L’Agence régionale de santé de PACA a également été saisie. Nous avons publié un nouveau communiqué de presse inter associatif. Et nous travaillons avec le TRT-5 sur la question de l’entrée des personnes incarcérées co-infectées dans les protocoles de recherche.
Nous nous mobilisons autour du cas d’Eric pour éclairer l’opinion publique et faire avancer la cause que nous défendons à savoir la prévention et la libération des prisonniers séropositifs. Il est important de ne pas laisser Eric Piedoie mourir au fond de sa prison et de se mobiliser pour lui c’est notre rôle et notre combat. Nous attendons de pied ferme la réponse du TAP et agirons en conséquence.