Est-il possible d’utiliser un médicament pour se protéger de la contamination par le VIH ? Parmi la dizaine d’essais menés par les chercheurs dans le monde depuis 2002, iPrEx est le premier dont on attendait une évaluation de l’efficacité de cette technique. Ses résultats viennent d’être rendus publics dans le New England Journal of Medecine [[Robert M. Grant and the iPrEx Study Team, Preexposure chemoprophylaxis for HIV prevention in men who have sexe with men, N Engl J Med 2010 ]]. Ils montrent essentiellement qu’une combinaison d’antirétroviraux, tenofovir plus emtricitabine, pris avant une exposition au VIH, réduit de 44% le risque de contamination.
C’est un résultat très encourageant pour les chercheurs. Il démontre l’intérêt de cette technique de prévention biomédicale. L’équipe d’iPrEx souligne cependant que la faiblesse relative de ce résultat est due à une utilisation limitée du traitement proposé dans l’essai. Il leur reste aussi à analyser plus avant les données afin de préciser cet aspect du résultat ainsi que les comportements des participants dans l’étude et les résultats d’analyse socio-économique.
Nous ne pouvons que nous réjouir d’un tel résultat de recherche. Il permet la construction de nouveaux projets de recherche pour espérer aboutir au mieux à de nouveaux outils. L’ANRS s’apprête à lancer une telle recherche mais se heurte à des difficultés pour financer jusqu’au bout ce type de projets très coûteux. Son budget stagne depuis des années alors que le sida reste un des fléaux les plus préoccupants tant en France qu’au niveau mondial. Elle doit se résoudre à des choix difficiles entre des projets tous indispensables. Elle est la seule à financer sur des crédits de la recherche les études socio-épidémiologiques essentielles pour adapter les politiques de santé publique.
Un tel résultat ne peut qu’encourager les chercheurs à poursuivre leurs travaux. D’autres étapes sont encore nécessaires avant de disposer éventuellement d’un nouvel outil de prévention. En attendant :
– l’efficience sur une population d’outils de protection à efficacité partielle peut être facilement anéantie par un relâchement des comportements, même minime;
– l’usage sauvage d’antirétroviraux en prophylaxie est à proscrire car, à ce jour, on ne sait pas quel est le produit le plus efficace et on ne sait pas comment l’utiliser au mieux;
– le préservatif, simple, peu coûteux et disponible reste le seul moyen sûr de se protéger contre le VIH