Après avoir dit que le préservatif aggravait l’épidémie de sida, après s’être mêlé de questions sur lesquelles il n’a aucune expertise, le pape semble enfin prendre en compte le principe de réalité.
Dans l’ouvrage qui sort le 23 novembre, Benoit XVI admet l’utilisation du préservatif mais que “dans certains cas (…) pour réduire les risques de contamination” du VIH. Il admet donc enfin que le préservatif protège du sida et ne l’aggrave pas. Est-ce une prise de conscience de la complicité de l’Eglise catholique dans la propagation de l’épidémie de VIH ? Est-ce une reconnaissance des dégâts causés par les discours de l’Eglise catholique ? Est-ce un moyen pour détourner l’attention dérangeante des médias sur la question des prêtres pédophiles ?
Reste que pour légitimer ses propos, il prend l’exemple de l’« homme prostitué » qui reste cependant, très limité. Si le pape veut vraiment lutter contre l’épidémie, il doit aller beaucoup plus loin. Il doit reconnaître que les politiques d’abstinence et de fidélité sont des échecs et sont directement responsable de la mort et de la contamination de centaine de millier de personnes. Mis en place sous l’influence de la morale religieuse, ces politiques d’abstinence ont détourné les gouvernements de véritables programmes de prévention. Moins de 20% de la population mondiale a aujourd’hui accès au préservatif alors même que l’épidémie de sida touche plus de 40 millions de personnes et qu’elle continue de s’étendre dramatiquement.
On pourrait se réjouir de voir enfin le pape changer d’avis, mais nous sommes en 2010, et la pandémie de sida a fait des ravages en 30 ans. Depuis le début de l’épidémie plus de 25 millions de personnes sont mortes du sida et 60 millions vivent actuellement avec ce virus. Certes un pas a été fait, mais il a trop tardé. Le pape et l’Eglise catholique restent toujours homophobes, anti-avortement, et complices de 25 ans de propagation du sida à travers le monde. L’irresponsabilité de l’église catholique face au sida a constitué un obstacle majeur à la lutte contre le sida.