Eric Piedoie, 51 ans, est un prisonnier co-infecté VIH/VHC dont le pronostique vital est engagé. Il est incarcéré à la maison d’arrêt de Grasse et attend depuis plus de six mois que la justice prenne enfin une décision concernant la suspension de peine qu’il a déposé en juin 2010. Le 7 décembre son dossier a une nouvelle fois était ajourné.
Pour l’historique de la situation, voir ici.
« L’état de santé de M..Piedoie engage donc son pronostic vital à moyen terme avec un délai d’évolution impossible à prévoir, les nombreux éléments de surveillance manquants dans le dossier médical ne me permettent pas de conclure si son maintien en détention est une perte de chance pour lui y compris en milieu médical. Il semble donc, nécessaire qu’il soit organisé dans les meilleur délais une courte hospitalisation, afin qu’il bénéficie de tous les examens : fibroscopie, œsogastroduodénale, échographie hépatique, fibroscan (elastomètrie) dosage de l’alphafoetoproteine, sérologie hépatite B, A, delta, dosage TP, de la hilirubine et de l’albumine afin d’évaluer le score CHILD. Cette hospitalisation pourra être l’occasion de faire bénéficier un détenu d’une nouvelle coloscopie afin de mieux explorer son syndrome diarrhéique chronique. »
Voilà ce que dit le dernier rapport d’expertise de la médecin experte, la Docteure Amélie MENARD en date du 29 novembre 2010 et qui a conduit le tribunal d’application des peines à prendre la décision, le 7 décembre dernier, d’ajourner de deux mois supplémentaires la demande de suspension de peine qu’Éric PIEDOIE a déposée le 7 juin dernier. Le TAP exige de nouvelles expertises et ne rendra sa décision que le 1er février 2011.
Le médecin expert indique les examens médicaux qu’Eric n’a pas pu faire en prison. Ces examens, tout malade suivi en dehors du milieu carcéral y aurait eu droit depuis longtemps, le score Child serait connu. Ces éléments indispensables à une prise en charge optimale, ne sont pas accessibles, ou très difficilement, en prison. Or, la loi de 1994 prévoit l’égalité des soins entre la prison et l’extérieur. Dans ce rapport, Amélie Ménard affirme donc que la loi n’est pas respectée, et que la prise en charge d’un prisonnier est sous-optimum. Ce double constat devrait la révolter, en tant que médecin ayant prêté le serment d’Hippocrate et, en tant qu’experte chargée de l’application des lois.
Il ne fait aucun doute que la santé d’Eric se dégrade de jour en jour et qu’elle n’est pas compatible avec le maintien en détention. Tout les certificats et expertises disent clairement que son infection VIH est stabilisée, mais que son infection VHC n’est plus traitée depuis janvier 2009, car les deux traitements de son hépatite C se sont soldés par un échec virologique et qu’une troisième tentative de traitement a été rapidement arrêtée fin 2008 devant une intolérance clinique et une chute de l’immunité. Visiblement la demande de nouvelles expertises n’est qu’une perte de temps, un temps précieux pour ce détenu dont la santé décline.
Eric PIEDOIE doit bénéficier de toute urgence d’un traitement adéquat pour traiter sa cirrhose qui n’est disponible qu’en milieu hospitalier, mais à cause de cet ajournement et de cette nouvelle demande d’expertise il risque de rester en prison deux mois supplémentaires ce qui ne manquera pas d’aggraver irrémédiablement son état de santé.
Act Up Paris dénonce l’arbitraire et la lenteur des procédures judiciaires dont est victime Eric PIEDOIE et exige sa libération et sa prise en charge médicale immédiate!