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Le 7 février, Gérald Sanchez, militant d’Act Up de longue date est mort du sida, d’une hépatite C et de notre système de santé. Infatigable, Gérald, comme tant d’autres personnes co-infectées, ne serait pas mort si l’industrie pharmaceutique avait fait du développement de nouvelles molécules anti-VHC une priorité, et si elle avait ouvert ses essais à d’avantage de personnes co-infectées. Mais les labos préfèrent limiter les places pour améliorer les résultats des essais et obtenir rapidement une autorisation de mise sur le marché qui lui permettra de commercialiser rapidement la molécule. D’où notre interpellation du LEEM, le syndicat des laboratoires, le 15 février. 6 000 personnes meurent chaque jour du sida dans le monde. À cause du manque de prévention, de dépistage, de traitements, de suivis biologiques. À cause des résistances aux médicaments de première ligne et de l’indisponibilité des traitements de deuxième et troisième ligne, beaucoup plus chers. Les gouvernements qui contribuent financièrement à la lutte contre le sida au Sud cautionnent la politique des labos et le désastre sanitaire qui en découle. Car les firmes profitent de leurs monopoles et imposent leurs prix : au Nord, la Sécurité sociale rembourse, au Sud, les malades meurent. Comme si ce n’était pas suffisant, les firmes pharmaceutiques font pression à Bruxelles et à Washington contre les génériques. En poussant les pays du Nord à ratifier des accords bilatéraux et multilatéraux pour renforcer la propriété intellectuelle, les laboratoires entendent continuer à générer toujours plus de profits. D’où notre irruption au séminaire du LEEM, le 27 janvier. Depuis des mois, nous dénonçons le traité ACTA sur la contrefaçon, négocié au niveau européen sans aucun contrôle démocratique, et dont les conséquences en matière d’accès aux traitements et de libertés fondamentales seront catastrophiques. Cela nous vaut aujourd’hui une mise en demeure, de deux négociateurs français de ce traité, de retirer de notre site un communiqué dans lequel ils sont cités. Le scandale du Médiator a remis en lumière les collusions entre les laboratoires, le monde médical et les pouvoirs publics. Quelles mesures vont être prises pour redresser le système français du médicament ? Xavier Bertrand et Nora Berra ont annoncé des mesures. Elles ne touchent pas le cœur du mécanisme : le boniment des laboratoires qui arrosent médecins et politiques pour vendre les médicaments les plus chers au plus de malades possibles, peu importe leur efficacité ou leur nocivité. En France, l’industrie pharmaceutique déclare dépenser 2,8 milliards d’euros en marketing : ce n’est sans doute pas le fruit du hasard si c’est l’un des pays où l’on consomme le plus de médicaments. Les Assises du médicament, la grande consultation annoncée par Xavier Bertrand, vont-elles saisir ces questions à bras le corps ? Il est permis d’en douter, tant qu’il n’y sera pas question d’une agence du médicament réellement indépendante, politiquement et financièrement – ce qui pourrait être financé par exemple en taxant les profits de l’industrie pharmaceutique. Par leur politique, les laboratoires nous tuent. Nous sommes, plus que jamais, déterminéEs à ce que cela change, pour de bon. C’est la raison pour laquelle nous leur déclarons la guerre. Une guerre à durée indéterminée dans laquelle nous ne lâcherons rien !

 

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