Les mots sont importants : parler de guérison dans le cadre du VHC, c’est
faire une promesse qui risque de ne pas pouvoir être tenue. La vie, la santé
d’une personne sont en jeu.
Le but ici n’est pas de remettre en cause, en cas d’hépatite C chronique, la nécessité d’accéder rapidement au traitement, vu les difficultés d’atteindre cette guérison.
« Guérison » d’hépatite ?
L’hépatite C est une inflammation du foie, chronique quand le virus de l’hépatite C s’est installé à long terme en réussissant à contrer l’immunité. Ce virus provoque une hépatite virale car, après son entrée dans l’organisme, il va se loger dans le foie, sanctuaire principal des hépatites, où il pourra se multiplier à sa guise.
Comme pour le VIH, c’est une mesure de charge virale qui va permettre de jauger l’efficacité du traitement. La définition d’une « guérison » de l’hépatite C est confirmée quand, suite à un traitement, le virus est toujours indétectable six mois après l’arrêt du traitement.
Malgré la « guérison », une réapparition du virus (à ce stade, l’hépatite étant guérie, il faudrait à nouveau plusieurs dizaines d’années avant que le virus ne provoque des lésions sur le foie, voire une cirrhose) arrive pour environ 3% des malades guériEs cinq ans après. C’est pourquoi, malgré l’annonce de la « guérison », il faut impérativement vérifier annuellement
que le VHC n’est plus présent dans le sang.
« Guérison » d’une cirrhose ?
Quand le/la malade a déjà une fibrose sévère ou une cirrhose, il faudra plusieurs années pour que cela régresse complètement. En cas de réapparition du virus quelques années après la « guérison », il est prudent de rapidement envisager de prendre à nouveau un traitement puisque la fibrose sera déjà développée.
« Guérison » d’un cancer ?
En cas de guérison sur une cirrhose, les mécanismes précoces d’ évolution vers un cancer ne peuvent êtres encore dépistés suffisamment tôt. Or, si cette « guérison » survient plusieurs années après la cirrhose, il se peut que ce mécanisme soit déjà en route. Dans 3% des cas de « guérison » sur cirrhose, des malades se voient annoncer, dans les mois suivants, la survenue d’un cancer.
S’agissant de la réapparition du virus ou de la survenue d’un cancer, suite à l’annonce de « guérison », il faut savoir que les modalités d’annonce sont actuellement remises en cause par les publications de quelques médecins, même si l’hépatite C initiale semble médicalement guérie. Peut-être que le terme de rémission serait plus juste, plus prudent, car ce n’est que trois ans après cette rémission, que l’annonce de guérison pourra être plus sûre !
Les soignantEs doivent porter un peu plus d’attention et de tact lors de l’annonce d’une guérison d’hépatite C, dès qu’elle survient sur une fibrose déjà avancée. Ceci évitera aux malades de plonger dans un doute a minima, voire une dépression ou une rupture totale de confiance dans la relation thérapeutique. Cette confiance est pourtant primordiale surtout au moment d’un deuxième traitement ou d’une initiation de chimiothérapie.
A quand les 1ères recommandations de la Haute Autorité de Santé, sur l’annonce de la guérison d’hépatite C, tout comme il en existe sur le cancer ?