Ce matin, une quinzaine de militantEs d’Act Up-Paris ont fait irruption au siège du LEEM, le groupe de pression des industriels du médicament. Les activistes ont bloqué l’entrée des bureaux avec du ruban adhésif jaune et noir : le LEEM est une scène de crime permanent. Act Up-Paris dénonce la politique de développement de molécules contre le virus de l’hépatite C (VHC). Cette politique sacrifie la vie et la santé de milliers de personnes qui vivent à la fois avec le VIH et le VHC. Nous exigeons que 1 500 personnes co-infectées au VIH et au VHC aient accès en urgence aux molécules développées par les laboratoires MSD/Schering Plough et Janssen. Faute de quoi, elles seront condamnées.
Au 88 rue de la Faisanderie (Paris, 16e), se trouve le siège du LEEM, le groupe de pression des industriels du médicament. C’est ici que l’on décide comment imposer à la société une stratégie de développement et de commercialisation des médicaments pour les seuls bénéfices de quelques actionnaires, même quand ces intérêts nuisent au bien-être, à la santé et à la vie de populations entières. C’est le cas des personnes qui vivent avec le virus du sida (VIH) et le virus de l’hépatite C (VHC). 35% des personnes vivant avec le VIH ont aussi le VHC et seulement 25% d’entre elles répondent aux traitements actuellement disponibles contre l’hépatite. Il y a urgence : les hépatites sont la première cause de mortalité chez les personnes vivant avec le VIH. Le VIH aggrave le pronostic de l’infection par le VHC, avec une progression deux fois plus rapide de la fibrose et un risque de fibrose décompensée 5 fois supérieur. Mais les personnes qui auraient le plus besoin des nouveaux traitements parce qu’elles sont en danger de mort et qu’elles ne répondent plus au traitement actuel sont exclues des essais thérapeutiques. En effet, les laboratoires ne sélectionnent que des patientEs dont le profil médical confirmera au mieux l’efficacité des molécules testées. Cela permet d’optimiser les résultats et de les présenter sous un jour favorable, en mentant par omission sur toutes les personnes pour lesquelles le traitement risque d’être mal supporté. Au nom d’une vision fondée sur une rentabilité à court terme, l’industrie pharmaceutique empêche ainsi les personnes qui en ont un besoin vital, d’avoir accès à ces médicaments en développement. Et quand ces molécules auront été autorisées, qu’elles seront commercialisées, il n’y aura que très peu de connaissances sur les effets indésirables spécifiques aux personnes co-infectées. Elles devront donc expérimenter, à leurs corps défendant et sans aucun cadre scientifique, ces effets que des études cliniques soucieuses de la santé de touTEs auraient pu éviter. Comme les femmes, comme les enfants, les co-infectéEs VIH/VHC sont l’angle mort de la recherche financée par les labos. Le mépris de l’industrie pharmaceutique et son chien de garde, le LEEM, nous tue. Un de nos militantEs, co-infecté au VIH et au VHC, est mort après des années de combat pour changer cette logique. Ces derniers mois, il tentait de convaincre les laboratoires qui ont développé des molécules prometteuses contre l’hépatite C de les rendre accessibles aux co-infectéEs VIH. En vain. Gérald Sanchez est aujourd’hui mort, nos revendications restent : – Accès précoce, dans le cadre d’essais cliniques ou en compassionnel pour 1 500 personnes co-infectées VIH/VHC en situation d’urgence ; en premier lieu pour le boceprevir de MSD/Schering Plough et le telaprevir de Janssen. – Inclusion des personnes co-infectées VIH / VHC dans les essais cliniques, dès la phase II, avec une attention particulière sur les spécificités de la co-infection. Cela concerne notamment la molécule développée par Boehringer, une autre molécule de Janssen, mais aussi des médicaments de Roche, Gilead, BMS, etc.