Act Up-Paris alerte Alain Juppé et Henri de Raincourt sur l’utilisation que le Ministère des Affaires étrangères (MAE) propose pour les 5% prélevés sur la contribution française au Fonds Mondial anti-sida. Ce prélèvement s’élève à 18 millions d’euros par an, soit 90 millions sur les 5 prochaines années.
Cet argent est censé apporter un support technique aux acteurs anti-sida du Sud, déjà financés par le Fonds mondial. Il sert à les aider à mieux soigner les malades et ainsi rendre plus efficaces les financements que la France achemine au Sud, à travers le Fonds mondial.
Alors que les bénéficiaires de cette initiative sont les acteurs anti-sida du Sud, le MAE se refuse à les inclure dans la construction de l’initiative.
Une réunion expéditive de deux heures a été imposée, à laquelle ils n’ont même pas été conviés.
Act Up-Paris alerte les ministres sur le risque d’un détournement clientéliste de ces 90 millions d’euros.
Lors de la reconstitution du Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, en octobre dernier à New York, Nicolas Sarkozy a annoncé que 5% des 360 millions d’euros annuels destinés au Fonds, premier bailleur multilatéral de traitements anti-sida au monde, seraient désormais reversés sous forme d’aide technique, en complément de l’aide purement financière.
L’objectif affiché de ces 5% était alors de renforcer techniquement les programmes financés par la France à travers le Fonds mondial.
Depuis, Act Up-Paris et les autres associations de lutte contre le sida demandent au MAE de consulter ceux que cette initiative est censée aider : les acteurs du Sud des programmes financés par le Fonds mondial. Le MAE s’y refuse, allant jusqu’à proposer que ce soit les associations qui les invitent, à leurs frais, à Paris.
Ce refus du MAE de mener une réflexion transparente et concertée du Programme 5% est le signe tangible du retour des visées clientélistes de l’ambassadeur de France en charge de la lutte contre le sida, M. Patrice Debré.
Act Up-Paris exige :
– l’organisation d’une consultation digne de ce nom, d’une durée de plusieurs jours, pour discuter des modalités d’utilisation de ces 18 millions d’euros par an
– la présence à cette discussion d’acteurs des programmes sida financés par le Fonds mondial dans les pays en développement, que l’initiative 5% prétend vouloir aider
– des garanties éthiques sur la gestion de ces 5%, en particulier le fait que les acteurs qui bénéficieront de cet argent ne seront pas les mêmes que ceux qui décident de qui pourra en bénéficier.