Les accords de libre-échange menacent les génériques et donc l’accès aux soins.
Par le passé, les États-Unis ont signé avec des pays en développement des accords de libre-échange (ALE), aux effets désastreux sur les coûts des médicaments. Depuis quelques années, c’est au tour de l’Europe, sous l’impulsion de la France, du Royaume-Uni et de l’Allemagne, de prendre le relais de cette politique bilatérale, lourde de conséquences pour les malades. Si les gouvernements des pays pauvres signataires de tels accords y trouvent un intérêt pour leur économie locale à court terme, ils compromettent ainsi leurs systèmes de santé, et les intérêts de leurs populations à moyen terme. Outre l’absence de consultation de la société civile tout au long du processus de négociation, ces accords proposent une extension du droit de propriété intellectuelle. En augmentant la durée de protection des données de recherche, ils repoussent ainsi le moment où les fabricants de médicaments génériques pourront y avoir accès et en produire des copies. Ces accords défendent avant tout des intérêts privés au nom d’intérêts prétendument publics. L’Europe souhaite signer un accord de libre-échange avec l’Inde au printemps. Si cet accord est conclu, cela créera un précédent et il sera extrêmement difficile pour les autres pays en négociation avec la commission européenne de conserver une marge de manœuvre suffisante pour refuser de céder aux desiderata des pays riches. Depuis un an, des ONG dénoncent avec Act Up-Paris la multiplication de ces accords. Début mars, une grande marche activiste s’est déroulée en Inde (photo) pour protester contre les accords cruciaux actuellement négociés entre l’Inde et l’Union Européenne. L’Inde dispose aujourd’hui de la plus grande capacité de production de médicaments génériques à bas prix au monde ; plus de 90% des personnes séropositives au VIH sous traitement à travers le monde utilisent un générique importé d’Inde.
Rico Gustav Photography