Act Up-Paris s’invite aux journées parlementaires prison, y interpelle le Garde des Sceaux, et lui rappelle la réalité des prisons mouroirs.
Ce vendredi 6 mai, en ouverture des 6e rencontres parlementaires prisons, le ministre de la justice a promu la construction d’établissements pénitentiaires et l’exploitation des prisonnierEs. Act Up-Paris l’a alors interpellé publiquement afin de lui rappeler les problèmes de santé des prisonnierEs, avec l’exemple concret d’Eric Piedoie, co-infecté VIH-VHC en train d’agoniser en prison, et distribué un tract développant les points suivants :
Michel Mercier refuse la mise en place des programmes d’échange de seringues en prison. Il laisse incarcéréEs des personnes gravement malades ou grabataires, alors que les soins vitaux sont inaccessibles et que des dispositifs existent pour les faire sortir. Le ministre de la justice est responsable des contaminations au VIH et aux hépatites virales liées au partage de matériel d’injection. Il est responsable de la dégradation de la santé et de la mort des personnes gravement malades en prison.
Échange de seringues
Le «plan sanitaire détenu», sorti en 2010, évoque le tatouage, le piercing et la coupe des cheveux comme risques potentiels de transmission du sida et des hépatites virales en prison, mais occulte complètement l’injection de drogues. Or il s’agit du plus grand facteur de transmission de ces infections en détention.
Le rapport INSERM relatif à l’expertise collective sur la réduction des risques liés à l’usage de drogues (24 juin 2010) et l’avis du Conseil National du Sida sur le plan national VIH/IST 2010-2014 (28 juin 2010) recommandent la mise en place immédiate de programmes d’échanges de seringues en prison.
Prison + sida = peine de mort
Depuis des mois, nous alertons sur la situation dramatique d’Éric Piedoie, personne vivant avec le VIH et une hépatite virale, dont l’état de santé est très préoccupant. Alors que la loi de 1994 assure l’égalité des soins entre l’intérieur et l’extérieur de la prison, Éric Piedoie n’a pas accès aux soins et aux examens qui pourraient améliorer son état. Tous les certificats médicaux attestent que son pronostic vital est engagé, pourtant il ne bénéficie toujours pas de la suspension de peine pour raisons médicales.
L’État délinquant
La loi de 1994 instaurait l’égalité sanitaire entre la prison et l’extérieur. L’exemple d’Eric Piedoie et le refus de la mise en place de programmes d’échange de seringues démontrent que l’Etat n’applique pas les lois et ignore les mesures permettant de faire sortir de prison les personnes gravement malades ou grabataires.
On n’humanise pas une peine inhumaine
L’humanisation des prisons est au programme de ces journées parlementaires. Cela démontre que les prisons sont par définition inhumaines et qu’il faut réfléchir à d’autres formes de peine. Mais surtout, quelle légitimité accorder au législatif et l’exécutif pour parler de la réalité carcérale, quand l’un comme l’autre sont incapables d’y faire appliquer la loi.
Enfin, on peut parler d’obscénité, puisque le co-organisateur de cet événement n’est autre que la Sodexo, qui exploite légalement les prisonniÈrEs au nom de l’accès au travail, pour un salaire de misère et dans des conditions déplorables. La table ronde dédiée à ce sujet donnera la parole au Medef et à la Sodexo, en aucun cas aux prisonniÈrEs et aux syndicalistes.
Act Up-Paris exige :
– la mise en place de programmes d’échange de seringues et de réduction des risques en prison;
– la libération immédiate d’Éric Piedoie, et l’application de toutes les mesures alternatives à la peine pour les personnes malades ou grabataires.