Le résultat de l’essai HPTN 052 qui vient d’être publié par le NIAID aux Etats-Unis montrant que, dans des couples sérodifférents, l’initiation d’un traitement antirétroviral immédiat réduit la transmission du virus de 96 % au partenaire séronégatif par rapport à l’initiation du traitement suivant les recommandations en vigueur au moment de la constitution de cet essai, est un résultat très encourageant dans la lutte contre le sida.
Pour autant, on ne peut pas faire dire à ces résultats ce qu’ils ne disent pas et il est nécessaire d’attendre une analyse plus fine, voire d’autres recherches sur le même thème pour progresser.
Il s’agit avant tout d’un résultat intéressant d’un point de vue populationnel.
En effet, il permet dores et déjà de relancer la réflexion sur les recommandations de mise sous traitement des séropositifs en tenant compte non plus seulement du bénéfice individuel pour les séropositifs, mais aussi du bénéfice préventif global d’une telle stratégie.
Cependant, la situation des personnes séropositives actuellement sous traitement, dont le traitement a été initié selon les recommandations, n’est actuellement comparable qu’à celle du groupe correspondant de l’essai, celle du groupe dans lequel ont été observées 96% des contaminations. De plus amples informations sur les résultats de l’essai HPTN 052, notamment les circonstances à l’égard du traitement dans laquelle se trouvaient les personnes au moment de la transmission, sont nécessaires pour mieux appréhender la portée de cet essai.
Sur le plan de la santé publique, ce résultat ne peut que renforcer la recommandation des experts, reprise par le plan national de lutte contre le sida du Ministère de la Santé, de proposer massivement le dépistage de l’infection par le VIH afin de diagnostiquer au plus vite les 50000 personnes séropositives en France ignorantes de leur statut et de les protéger au mieux du risque de transmettre le virus par la prise immédiate d’un traitement antirétroviral.
Pour autant, le bénéfice clinique d’un tel traitement n’est pas attesté et les difficultés rencontrées par les séropositifs avec leur traitement antirétroviral doivent inciter au respect des personnes plutôt qu’à l’injonction thérapeutique.
En tout état de cause, si des médecins et les intervenants en prévention ne veulent pas annoncer à des personnes contaminées dans leur couple qu’ils faisaient malheureusement partie des 4% restant, il est préférable qu’ils considèrent la différence entre les résultats à portée populationnelle et ceux applicables aux individus.
Si cette nouvelle apporte un véritable soulagement psychologique aux personnes vivant en couple sérodifférent, elle ne leur démontre en rien qu’un relâchement sur l’usage du préservatif puisse être envisagé.
D’autant plus qu’une proportion non négligeable des infections constatées dans l’essai est due aux relations sexuelles en dehors du couple.