Le financement de la lutte mondiale contre le sida est le grand absent du G8. Alors que les dirigeants avaient admis la semaine dernière que l’accès universel au traitement n’a pas été atteint pour 2010 [[Comme promis au sommet du G8 à Heiligendamm en 2007]] et que leurs financements stagnent depuis 2008, ils ne proposent rien pour dépasser cet échec financier.
Le G8 soutient les génériques à Deauville…
Dans leur déclaration finale (paragraphe 59.f), les dirigeants du G8 appellent les laboratoires pharmaceutiques à autoriser les médicaments génériques anti-sida au Sud en affirmant leur soutien à l’initiative Patent Pool. Lancée l’an dernier par UNITAID, le patent pool (« communauté de brevet ») permettrait aux différents acteurs de l’industrie pharmaceutique de mutualiser certains résultats afin de favoriser une production plus rapide et meilleur marché de médicaments essentiels.
… mais attaque les génériques avec ACTA et les accords de libre-échange
Que vaut en effet cet appel quand on sait que les mêmes pays sont les principaux promoteurs de mesures qui ont pour effet de restreindre drastiquement la production de médicaments génériques ?
En ce moment même, deux accords internationaux poussés par les pays du G8 attaquent directement la production et l’exportation de médicaments génériques à bas prix (notamment ceux utilisés contre le sida), et vont dans le sens inverse de l’initiative du Patent Pool. L’accord ACTA contre la contrefaçon et l’accord de libre-échange Inde-Europe, sont des atteintes bien plus graves à la production des médicaments. Ces accords contiennent des dispositions demandées par les laboratoires occidentaux, qui renforcent leurs monopoles et augmentent le coût des produits de santé. Act Up-Paris dénonce ces contradictions du G8. Nous appelons ses pays membres à ne pas ratifier l’accord ACTA, et à retirer les dispositions menaçant les génériques dans les accords bilatéraux.
Agir maintenant, ou laisser mourir
Le G8 doit cesser de mentir aux malades du monde entier. Il doit agir de toute urgence pour assurer l’accès effectif aux traitements. Il doit mettre fin à l’épidémie du sida, qui décime le monde entier depuis trente ans.
Act Up-Paris exige :
– que Nicolas Sarkozy et les autres leaders du G8 versent enfin les 0.05% de leur PIB nécessaires à la réalisation de leur engagement pris en 2005 à l’accès universel au traitement;
– que la France et l’Union Européenne stoppent immédiatement les accords « TRIPS+ » en cours de négociations qui menacent l’accès aux médicaments et qu’ils soutiennent le recours aux licences obligatoires;
– que Nicolas Sarkozy agisse immédiatement en assurant le financement de la lutte contre le sida, ou qu’il se taise pour de bon. Son inaction est criminelle.