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Sinistre anniversaire. Retour subjectif sur l’histoire, les luttes, les perspectives et les enjeux actuels de la lutte contre le sida.

5 juin 1981 : alerte du Center for Disease Control d’Atlanta qui recense 5 cas de pneumonie mortelle chez des homosexuels. 1983 : découverte du virus qui en est à l’origine, le VIH, par une équipe de chercheurSEs françaiSEs (institut Pasteur). La même année, à la conférence de Denver, des séropositifVEs fondent l’activisme sida, en exigeant notamment que les malades soient partie prenante de la recherche et des décisions qui les concernent. juin 1989 : première apparition d’Act Up-Paris à la Gay pride. 1993 : prise en charge à 100 % des soins pour les séropos (suite à un zap phone fax d’Act Up de 4 jours !). 1995 : reconnaissance officielle en France des programmes d’échange de seringues pour lutter contre la diffusion de l’épidémie parmi les usagerEs de drogues par voie intraveineuse. 1996 : arrivée des trithérapies, qui marquent un tournant majeur dans l’histoire du sida. 1998 : inexpusabilité des personnes malades. Un étranger gravement malade résidant en France est protégé contre toute mesure d’expulsion et peut obtenir une carte de séjour s’il ne bénéficie pas d’un “accès effectif” au traitement dans son pays d’origine. 1998 : le TPE (Traitement Post-Exposition). Grâce, entre autres, au combat d’Act Up-Paris, l’accès à un traitement prophylactique est possible en cas de risque sexuel, ou d’exposition non-professionnelle. 15 novembre 1999 : le pacs. Décimés par l’épidémie, les homos revendiquent un statut social pour leurs unions. Après lâcheté du PS et déferlement de haine homophobe sur les bancs de l’Assemblée, le pacs permet entre autres une existence légale du partenaire survivant. 2001 : Déclaration de Doha. Les accords de l’OMC sur la propriété intellectuelle reconnaissent le droit aux pays en développement de produire et d’importer des génériques. Le prix des antirétroviraux baisse considérablement et permet un accès mondial aux trithérapies. 2002 : création du Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, sous la pression des activistes : 3 millions de personnes mises sous traitement dans le monde en moins de 10 ans, des programmes de prévention, d’échanges de seringues, contre les discriminations et pour les droits des minorités mis en place dans de nombreux pays. 4 mars 2002 : la suspension de peine pour raison médicale est instaurée par la loi Kouchner pour les détenus dont le pronostic vital est engagé ou la pathologie durablement incompatible avec le maintien en prison. 2003 : instauration du délit de racolage passif, qui va éloigner les travailleurSEs du sexe des structures de prévention et les exposer davantage aux contaminations. Juin 2005 : les leaders des pays du G8 s’engagent à atteindre l’accès universel au traitement d’ici 2010 4 mai 2011 : fin du droit au séjour pour soins. Désormais un étranger souffrant d’une grave pathologie et vivant en France pourra être expulsé vers la mort par les autorités préfectorales. Aujourd’hui, 40 millions de personnes vivent avec le VIH ; chaque jour, plus de 7000 personnes sont nouvellement infectées. Comment inverser le cours de l’épidémie ? Malgré les victoires, le combat reste inachevé. L’accès universel aux traitements est loin d’être atteint parce que les pays riches ne respectent pas leurs promesses : seul un malade sur trois a accès à un traitement et 10 millions de séropos sont toujours sans traitement. Vivre et vieillir avec le VIH entraîne des complications cardio-vasculaires, hépatiques, rénales, osseuses, neurologiques… L’hépatite C est la première cause de mortalité chez les séropos : il y a urgence à obtenir des nouveaux traitements anti-VHC et à inclure les co-infectéEs VIH/VHC dans les essais. Paradoxalement, 30 ans après l’apparition du virus, la science n’a jamais été aussi optimiste, mais le cadre politique n’a jamais été aussi hostile à la lutte contre l’épidémie : répression des étrangerEs, des usagerEs de drogues, des travailleurSEs du sexe, …, explosion des prisons, errance de la prévention qui se traduit par l’augmentation des contaminations parmi les gays de moins de 25 ans (cf. texte ci-dessus), prise en charge qui se dégrade à l’hôpital public par manque de personnel, insuffisance du financement international de la lutte contre le sida. « Enfermé dans Mortal Kombat depuis 25 ans, on ne m’a pas dit combien de vies j’avais… C’est ma quatrième aujourd’hui. Je veux retrouver la liberté, emmener avec moi toutes celles et tous ceux qui sont ici, fuir la peur et connaître à nouveau l’insouciance et l’amour. Vaccin thérapeutique, éradication, mais aussi réel accès universel au traitement, les solutions se profilent lentement… aura-t-on le temps ? »
Hugues, séropo depuis 1986 
« Ca fait toujours aussi mal, même si on sait qu’il existe une thérapie pour pouvoir vivre avec. Je me suis senti honteux quand j’ai appris ma séropositivité, comme si j’avais fait un truc mal, que j’étais puni et que je n’allais plus jamais vivre normalement. Je participe à l’essai Optiprim qui teste l’impact des traitements, très fort, très tôt, et ça me rassure. Mais il n’en reste pas moins qu’encore après un an, je me considère comme une bombe humaine, même si le virus est indétectable. »
Justin, séropo depuis 2010

 

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