Il y a trente ans, apparaissaient les premiers cas de sida. Premiers touchés, les gays ont connu des années lugubres à se dire que les cimetières ne seraient pas assez grands pour tous leurs amis et amants. Le “cancer gay”, comme il fut d’abord nommé, s’est ensuite répandu, tout en restant surreprésenté dans certaines communautés : gays, usagèrEs de drogues, trans, étrangerEs, travailleurSEs du sexe, détenuEs, notamment. Mais les gays font figure d’exception :
les dernières données épidémiologiques en France montrent que c’est le seul groupe où les contaminations ne baissent pas.
Et elles sont même en augmentation
significative parmi les moins de 25 ans.
À Paris, 18 % des gays sont séropositifs au VIH/sida.
Après l’arrivée des trithérapies, la maladie fait moins peur, se banalise et la promotion du préservatif cesse d’être omniprésente dans l’espace public. Côté gay, la prévention se dilue peu à peu entre idolâtrie du
bareback et prolifération de la “réduction des risques sexuels”. L’usage inefficace du gel pour réduire le risque de transmission sans préservatif, par exemple, n’a pas fait l’objet de condamnations claires des pouvoirs publics qui avaient financé sa promotion.
Les expertEs n’ont pas non plus condamné cette propagande aveugle, se contentant de ne plus en parler. Ce n’est donc pas un hasard si les rapports non protégés sont en augmentation dans la communauté gay.
Quand des “techniques de réduction des risques sexuels” veulent que nous discriminions nos partenaires ou nos positions sexuelles en fonction du statut sérologique supposé, nous préférons laisser primer nos désirs, nos envies, et les capotes nous donnent précisément cette liberté. Ne compter que sur la réduction de la transmission observée au niveau d’une population où les séropositifs sont sous traitement est un jeu dangereux puisqu’un séropositif sur trois ne connait pas son statut.
La recrudescence des contaminations chez les jeunes gays reflète simplement que la base du travail de prévention n’est pas faite. Qui se représente aujourd’hui ce que c’est d’être séropo depuis 6 mois,
5 ans, 25 ans ? Que l’on vive plus longtemps avec les traitements est certain ; pour
autant, vit-on bien ? La dégradation et
le déremboursement des soins, les
discriminations, la précarité, les effets
secondaires, les cancers, les problèmes neurologiques ou cardiovasculaires sont-ils vraiment négligeables ?
À cela vient s’ajouter depuis plusieurs
années une nouvelle alerte : le virus de
l’hépatite C (VHC), dont il est désormais avéré qu’il se transmet sexuellement,
se répand à grande vitesse parmi les gays séropos. Or les conséquences de l’hépatite C sont accélérées par la co-infection au VIH. Les chances de survie des personnes co-infectées VIH/VHC sont deux fois plus faibles que pour les personnes mono-
infectées à l’hépatite C. Là encore,
les capotes, le gel aqueux, les gants et
la graisse à fist, sont nos seulEs amiEs.
Ne soyons pas simplistes, la recherche
en prévention évolue rapidement et des questions restent ouvertes : quel risque de transmission par fellation ? quel avenir pour les PREPs ? quel risque de surinfection ? etc.
Ces questions nous nous les posons, entre autres sur REACTUP.FR, et nous vous
invitons à venir vous les poser avec nous. Mais arrêtons de nous cacher derrière
des « je suis clean », « il est clean »,
« nous sommes clean »… on n’est pas au pressing ! Et soyons simples : renforçons l’usage du préservatif, renforçons-nous.