Lors de la réunion de son conseil d’administration réunit à Accra cette semaine, le Fonds Mondial a supprimé son 11ème tour d’appel à projets (R11) par manque de financement et prive ainsi les malades des pays du sud de traitements vitaux sans lesquels ils mourront.
A une semaine du 1er décembre, journée mondiale de lutte contre le sida, le premier bailleur de traitements antirétroviraux au monde, le Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, créé en 2002 pour permettre aux malades des pays pauvres d’accéder à un traitement, a pris mardi lors de son conseil d’administration au Ghana une décision historique. En l’absence de financements et sous la pression des pays donateurs, le conseil d’administration a en effet pris la décision de supprimer son 11ème tour d’appel à projet. Concrètement, cela signifie que de très nombreux malades des pays en développement, en théorie éligibles aux traitements (c’est-à-dire étant en dessous de 200 CD4 selon les recommandations de l’OMS) ne pourront pas y avoir accès, et sont aujourd’hui sur liste d’attente.
Si 6,6 millions de personnes sont actuellement sous ARV, et que les pays réunis aux Nations Unies à New York en juin dernier s’étaient engagés à ce que 15 millions de personnes aient accès aux traitements d’ici 2015, ces objectifs semblent réellement compromis par la décision historique prise à Accra sous la pression des donateurs, notamment des Etats-Unis.
La décision prise à Accra marque en réalité un coup d’arrêt à la lutte pour l’accès universel aux traitements.
Dans les pays en développement, de nombreux malades ont aujourd’hui besoin de traitement, de première génération notamment. Mais garantir l’accès aux soins, signifie également garantir l’accès aux traitements de 2nde et 3ème générations, aux traitements contre les infections opportunistes, contre les maladies chroniques, ainsi qu’aux diagnostics et au suivi biologique. La disponibilité de ressources humaines en santé et de matériel hospitalier est également cruciale. Le Fonds Mondial finançait également des programmes de prévention, notamment à destination des populations les plus touchées par la pandémie.
La décision prise à Accra compromet tout cela. Alors que l’on sait aujourd’hui comment espérer contrôler l’épidémie, cette décision compromet les efforts réalisés. Cette décision condamne à mort, à la veille de la journée mondiale de lutte contre le sida, des millions de malades des pays pauvres et sonne comme un renoncement, notamment à ce que les contaminations explosent, comme le nombre de mortEs.
Les pays donateurs doivent d’urgence se réunir et renflouer les caisses du Fonds.
La crise économique ne peut servir de prétexte. Les pays riches ont les moyens, par une fiscalité plus juste, par une meilleure répartition des efforts financiers et par un soutien aux génériques qui permettraient de faire baisser le prix, d’assurer l’accès universel aux traitements. Leur décision n’est donc pas une fatalité : c’est un choix politique librement accepté de faire mourir des millions de personnes, choix sur lequel Obama, Sarkozy et les autres doivent revenir.