Les militantEs d’Act Up-Paris viennent d’élire leur nouveau Conseil d’aministration. Toujours dans une situation financière très préoccupante, l’association a convoqué une Assemblée Générale Extraordinaire qui a permis la formation d’un nouveau CA, déterminé à ce qu’Act Up-Paris continue à porter sa voix unique dans la lutte contre le sida.
Dans ce but, Fred Navarro a été élu Président de l’association.
Pédé, séropositif et malade du sida, il se bat à Act Up-Paris depuis de nombreuses années, notamment sur les droits des malades, les questions de traitements et d’accès aux soins. Récemment, son histoire personnelle l’a amené à remettre au jour la question des soins post-mortem, qui au nom de croyances archaïques continue de discriminer les séropos, même mortEs.
Il illustre ainsi la nécessité de lutter contre le sida tant sur le front de la maladie que sur celui des discriminations envers les minorités et des droits sociaux.
Militant depuis plusieurs mois au sein de l’association, Jérémy Chambraud-Susini, a été élu Secrétaire Général. Intransigeant dans notre combat pour l’égalité des droits, écœuré du triomphalisme ambiant en matière de prévention et de lutte contre le sida, il travaille également activement à l’amélioration du fonctionnement interne de l’association et à l’outreach.
Arthur Vuattoux et Cécile Lhuillier ont été élus vice-présidentEs; tous les deux s’investissent sur les questions d’LGBTphobie, de prévention et de droits sociaux. Il et Elle œuvreront par ailleurs à la recherche de nouveaux financements pour qu’Act Up-Paris puisse poursuivre ses combats essentiels pour les droits des malades, notamment dans le contexte électoral de 2012.
Luttant avec et pour toutes les minorités touchées par la pandémie, s’opposant à la casse du système de santé et aux régressions sociales, ce nouveau CA se battra encore, inlassablement, contre une épidémie qui ne cesse de progresser chez les pédés.
Et enfin, de rappeler simplement sa réalité d’association de malades:
Le sida, on en crève encore.
Ils/elles ont été éluEs sur le projet suivant :
« Minoritaires et solidaires : Agir jusqu’à en devenir folles. »
L’épidémie de VIH/sida est toujours là, elle est toujours une épidémie politique : les publics vulnérables restent sous-représentés dans les recherches et les essais, l’épidémie est toujours en hausse chez les pédés et les migrantEs ; en dépit des promesses, le Sud crève encore du sida et la vie des séropos en France est volontairement maintenue sous le seuil de pauvreté…
À l’heure où des acteurRICEs de la lutte contre le sida voudraient nous faire croire que l’on vit bien avec, et que traitements et dépistage se suffisent à eux-mêmes pour rendre acceptable l’épidémie, nous aurons à cœur au cours des six prochains mois de défendre les priorités suivantes :
- Droits sociaux des séropos : Nous nous battrons pour obtenir l’annulation du décret du 16 Août relatif à l’attribution de l’AAH, la mise en place d’un revenu d’existence et l’accès effectif des séropos à des logements adaptés
- Prévention : Nous investirons encore davantage les services de suivi hospitaliers et les lieux de fréquentation LGBTQI, nous défendrons une politique de prévention à la hauteur de l’épidémie des hépatites et enfin, nous serons vigilantEs par rapport aux nouveaux discours de prévention dominants, en défendant jusqu’au bout l’idée qu’en l’absence d’alternatives crédibles, la capote reste notre seule amie
- Traitements/Recherche : Nous imposerons la fin des ruptures d’approvisionnement de médicaments antirétroviraux en pharmacie, et l’inclusion des publics vulnérables (co-infectéEs, trans’, femmes, usagers de drogues, prisonnierEs…) dans les essais thérapeutiques
- Accès au traitement pour touTEs à l’international : Nous maintiendrons la pression sur les politiques, les organisations internationales et l’industrie pharmaceutique pour obtenir l’accès universel aux traitements, promis pour 2010
- Défense de l’hôpital public et du parcours de soins des séropos : Nous veillerons à ce que les candidatEs à l’élection présidentielle de 2012 s’engagent à revenir sur la loi HPST et sur la tarification à l’acte, en prenant en compte la réalité de la pathologie et du suivi qu’elle nécessite.
Nous poursuivrons, avec nos partenaires associatifs, la lutte pour l’égalité des droits (soins post-mortem pour les sidéenNEs, et droits des LGBTQI: mariage, parentalité, droits des trans’), droits des migrantEs (rétablissement du droit au séjour pour soins et integration de l’Aide médicale d’Etat dans la CMU), droits des travailleurSEs du sexe (un vrai statut de travailleur pour les putes, la fin de la répression, directe ou indirecte à leur encontre, et leur accès aux droits).
Act Up-Paris continuera à porter sur tous les fronts de l’épidémie, un point de vue minoritaire sur le sida, à faire entendre la voix des malades, à se montrer intransigeante face aux institutions, face à l’industrie pharmaceutique et face à certains discours associatifs.