À l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, Act Up-Paris et une cinquantaine d’associations ont appelé à manifester derrière le mot d’ordre « sida : battre la campagne ».
vidéo de la manifestation – Un portfolio est disponible ici.une manifestation
« Personnes vivant avec le VIH, lesbiennes, gais, biEs, trans, femmes, travailleurSEs du sexe, peronnes des outre-mers, étrangErEs, usagErEs de drogues, prisonniErEs, précaires… Nos vies, nos droits, notre santé doivent passer avant les bénéfices des banques et des labos, avant la démagogie sécuritaire et répressive, avant l’ordre moral. Celles et ceux qui entendent nous représenter en 2012 doivent s’y engager dès maintenant et reprendre nos propositions. » Ce texte d’appel a été signé par les organisations suivantes :Act Up-Paris, Académie Gay et Lesbienne, ACCEPTESS-T, Actif Santé, Actions Traitements, Afrique Avenir, AGY, Aides, APA, ARCAT, Association française des hémophiles – IDF, CAELIF Interasso, CEGOM, COLLECTIFDOM, Diagonale Ile de France, ELCS, Ensemble pour une Santé Solidaire, Etudions Gayment, FSU, Gayttitude Psychologie, GLUP, HomoFesty, HF Egalité, HF Prévention, HomoSFèRe, Kiosque Infos Sida et Toxicomanie, La Nef des Fiertés, Le Comede, Le Planning Familial (MFPF), Les Amis du Bus des Femmes, Les Petits Bonheurs, Migrations Santé France, MRAP, OUTrans, PASTT, Pari-T, Patchwork des Noms, RAAC-SIDA, Sidaction, Sida Info Service, SNEG, SNES-FSU, Sol En Si, Solidarité Sida, SOS homophobie, STRASS, Total Respect – Tjenbe Red Fédération, Tjenbe Red Prévention, UNALS, Union syndicale Solidaires, ZigoMatik Tv.
un réseau et une plateforme de revendications
A cette occasion, nous présenterons notre projet « sida : battre la campagne », un réseau associatif national que nous invitons chacunE à rejoindre, et une plateforme de revendications que toutE participantE peut faire vivre, s’approprier et défendre comme il ou elle l’entend. Santé, économie, éducation, droits, international, culture, handicap, immigration, justice, société : la lutte contre le sida concerne tous les aspects de la vie politique. Le débat public tel qu’il est porté par les représentantEs des grands partis dans les médias ne nous convient pas : des discussions ont lieu sur des sujets majeurs sans que l’on juge utile de demander leur avis aux personnes concernées. C’est le cas pour la prostitution ou l’usage de drogues, la santé, les droits des minorités, les questions de solidarité nationale et internationale. La lutte contre le sida est riche d’expériences politiques, sociales, économiques qui ont profité à tous et toutes. « Sida : battre la campagne » sera l’outil qui permettra à celles et ceux qui le veulent de rétablir la santé et les droits humain comme priorité des débats et des décisions politiques.prise de parole de Cécile Lhuillier & Fred Navarro, respectivement vice-présidente et président d’Act Up-Paris au début de la manifestation :
«Ces derniers jours, il paraît, aux dires de plusieurs media, que tout va bien, que le VIH sida est en passe d’être éradiqué, qu’on vit normalement avec la maladie, que les séropositifVEs vivent, travaillent, se logent, baisent comme les séronégatifVes, dans le meilleur des mondes. Comment peut-on, après ces 4 années de gouvernement Sarkozy, se satisfaire de la situation des malades ? Se réjouir des multiples régressions en termes de santé publique, de prise en charge médicale et sociale ? Comment passer outre la répression décomplexée qui frappe les minorités, déjà surexposées aux contaminations ? Comment passer outre les choix assassins opérés par ce gouvernement au détriment des enjeux de santé publique ? S’accommoder de cette situation est presque aussi criminel que de l’instaurer. Cette journée mondiale de lutte contre le sida est l’occasion, pour toutes les personnes concernées par le VIH, les hépatites et les IST, de faire entendre des revendications qui n’ont pas été entendues, en particulier ces 4 dernières années. Des franges entières de la population sont exclues, de la recherche, du droit commun, des dispositifs de soins, de dépistage, de prévention, cela du fait de leur caractère prétendument minoritaire. Plus que jamais, ce sont l’idéologie et l’électoralisme qui priment sur la science et sur les réalités de la pandémie, cela porte un nom : l’obscurantisme. Et cet obscurantisme est criminel. En cette période électorale, les politiques doivent enfin prendre en compte la parole des premierEs concernéEs, et de ceux et celles qui les soutiennent et luttent à leurs côtés. Les partis en lice doivent prendre des engagements clairs, et annoncer des calendriers politiques à très court terme, parce qu’il y a urgence. Nous ne sommes pas rassembléEs ce soir pour fêter un funeste anniversaire : les 30 ans du VIH, le sida ne se fête pas, jamais. Nous ne sommes pas rassembléEs pour nous plaindre, ou mendier des miettes de considération. Nous sommes venuEs pour exiger que des décisions soient prises et des moyens dégagés, et vite. Nous exigeons que des lois contraignent enfin la recherche, publique et privée, à mettre au second plan sa logique de profit et à prendre en compte, dans ses essais cliniques, des populations aujourd’hui négligées, les trans, les personnes co-infectées, les femmes et les enfants. Nous exigeons un retour à une Aide Médicale d’Etat gratuite, et un droit au séjour pour soins tel qu’il existait avant que la dernière loi Besson ne le démantèle. Nous exigeons la régularisation de tous les sans-papiers. Nous exigeons que l’Etat cesse de remplir les prisons, abolisse les lois sécuritaires qui ont pour conséquences l’incarcération de minorités déjà exposées à la pandémie : usagerEs de drogue, sans-papierEs, travailleuRses du sexe. Nous réaffirmons que la prison est tout sauf un lieu de soins, et que les malades n’ont rien à y faire. Parce qu’indéniablement, la lutte contre le sida passe par une égalité des droits pleine et entière, nous continuons à nous battre pour l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, l’accès à l’adoption, à la PMA, et pour que cessent les parcours psychiatriques et judiciaires dégradants imposés aux trans’. Nous sommes furieuxSES de constater qu’une coalition politique et associative de tous bords prétend, en ce moment même, pénaliser les clientEs des travailleuRses du sexe, au mépris des conséquences sanitaires catastrophiques que cette mesure engendrerait, notamment en termes de contaminations VIH et hépatites. Nous exigeons que les travailleurs et travailleuses du sexe, acteurs essentiels de prévention des IST bénéficient de l’ensemble des droits sociaux accordés aux travailleurs, et que cesse toute répression, directe ou indirecte, à leur encontre. Les idéologies répressives et moralistes sont contraires aux impératifs de santé publique, 30 ans de lutte contre le sida le démontrent. C’est pourquoi nous exigeons également que cesse la chasse aux usagerEs de drogue, surexposéEs aux hépatites virales, que soient mises en place, enfin, les salles de consommation à moindre risque dont le bénéfice fait l’unanimité dans la communauté scientifique. Plus globalement, parce qu’il existe un lien inextricable entre VIH et précarité, parce que la moitié des personnes séropositives vivent sous le seuil de pauvreté, nous exigeons la revalorisation de tous les minima sociaux, la fin des insupportables politiques de suspicion qui assènent que tout malade est un fraudeur potentiel. Nous exigeons la mise en place d’un revenu d’existence, au moins égal au SMIC. Toute l’année, mais particulièrement aujourd’hui, nous entendons que finalement tout va mieux, que la combinaison dépistage/prévention médicamenteuse va permettre, dans un très proche avenir, une éradication pure et simple de l’épidémie. La généralisation du recours au dépistage est une mesure positive mais insuffisante: aujourd’hui, en France, 50000 séropos ignorent leur sérologie. La prévention médicamenteuse chez les séronégatifs fait encore l’objet d’études, dont il est périlleux d’anticiper les résultats actuels. Quant aux traitements des séropos, ils existent depuis 15 ans, et font donc partie de l’arsenal de prévention qui aujourd’hui existe mais qui ne concerne que les personnes dépistées. Ces nouvelles perspectives de prévention ne peuvent pas se substituer aux outils traditionnels, elles seront efficaces si elles s’y ajoutent. Le dernier Bulletin épidémiologique publié, fait état, sur 2010, de 7 pédés contaminés par jour. C’est surtout chez les gays de moins de 25 ans que l’augmentation est la plus forte. Le nombre de personnes qui croient que l’on attrappe le sida par une piqûre de moustique augmente. Voilà les preuves de l’abandon d’une politique ambitieuse de prévention. Nous sommes inquietEs des messages simplistes et largement diffusés, et de cette vision dangereusement optimiste de l’avenir des malades. Nous souhaitons que les mots « capote » et « modes de transmission » réapparaissent dans les discours des associations et des pouvoirs publics.»