Hier, l’ancien député UMP Eric Raoult a tenu sur Sud Radio des propos d’une rare violence pour les personnes vivant avec le virus du sida :
« Ce matin, vous voyez, je suis allé à l’Assemblée, et il y avait des collègues qui me croisaient et ils étaient gênés. Ben je leur ai dit, « attendez, j’ai pas le sida, vous pouvez me dire bonjour « .
Act Up-Paris condamne ces propos qui rappellent à quel point la discrimination envers les personnes vivant avec le VIH est encore prégnante dans toutes les sphères de la société.
Nous demandons à Marisol Touraine des mesures fortes pour lutter contre ces discriminations.
Le contexte
Sur Sud Radio après sa défaite aux législatives, Eric Raoult est interrogé au bout d’une dizaine de minutes sur son éventuel soutien à la proportionnelle. Il répond qu’il est encore trop tôt pour se prononcer après une « claque électorale » et enchaîne : « Essayons de montrer que même dans l’adversité, on recherche l’unité, essayons de montrer que les potes qui sont tombés au champ d’honneur ne sont pas tombés dans le déshonneur, et ce matin, vous voyez, je suis allé à l’Assemblée, et il y avait des collègues qui me croisaient et ils étaient gênés. Ben je leur ai dit, ‘attendez, j’ai pas le sida, vous pouvez me dire bonjour’ » .
Embarrassé, le journaliste lui signale « Quand bien même vous le seriez, M. Raoult… ». L’intéressé répond : « je dis ça comme ça », et enchaîne sur une obscure tirade : « on n’est pas dans un cabinet de notaire ».
Aucune excuse ne sera prononcée envers les personnes vivant avec le VIH/sida. Ce contexte le montre : la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH est profondément ancrée dans la pensée de Raoult, au point qu’il en fasse état dans une question portant… sur la réforme d’un mode de scrutin !
Le rejet des personnes vivant avec le VIH est encore une réalité
Maintenant que Raoult n’est plus député, il aura du temps pour lire les études, abondantes, qui documentent la réalité du rejet des personnes vivant avec le virus du sida en France et dans le monde : au travail, dans la vie quotidienne, au sein de la famille, dans les relations affectives et sexuelles.
L’UMP à laquelle Eric Raoult appartient n’a rien fait pour lutter contre cette stigmatisation : une seule campagne, ridicule, en 10 ans contre les discriminations qui sont pourtant au coeur du quotidien de nombres de personnes séropositives. Au contraire, le parti d’Eric Raoult a renforcé cette stigmatisation en désignant les séropositifVEs comme des délinquants potentiels lors de deux lois, en 10 ans, sur la sécurité intérieure .
Le rôle d’un responsable politique est de combattre ces discriminations. Eric Raoult préfère les alimenter, présenter ces propos haineux comme anodins (« je dis ça comme ça »), faire passer la violence que nous subissons pour une bonne petite blague entre « potes » de l’Assemblée. C’est indigne.
« Qu’est ce que j’ai dit que j’aurais pas dû dire »
Quelques minutes plus tôt, Eric Raoult précisait ce que l’UMP devait faire après cet échec. Il préconisait notamment de se poser des questions pour expliquer l’échec de son parti, notamment celle-ci : « qu’est-ce que j’ai dit que j’aurais pas dû dire ?». Act Up-Paris demande à Eric Raout de se poser la question, et de se taire tant qu’il n’aura pas la réponse complète. Cela nous laisse du temps.
Act Up-Paris demande à la nouvelle ministre de la santé et aux députés :
- l’abrogation de toutes les discriminations d’État envers les personnes vivant avec le VIH, qui alimentent les comportement de rejet à notre égard : interdiction des soins funéraires, dépistage obligatoire pour les personnes soupçonnées d’agression sexuelle ou d’agression envers des forces de l’ordre, franchises pour soins, etc.
- la mise en place de campagnes régulière de lutte contre les discriminations envers les personnes séropositives.