Cette année, Act Up-Paris a choisi ce mot d’ordre énigmatique pour la marche des fiertés. Un slogan dont nous ne sommes pas fierEs. Pourquoi 1 sur 5 ? Pour 1 pédé sur 5 contaminé aujourd’hui à Paris. Pour 1 pédé sur 5 qui ignore son statut sérologique aujourd’hui à Paris. Après 30 ans de sida, de combats, ces chiffres montrent qu’il faut rester mobiliséEs.
Non, l’épidémie n’est pas terminée : au contraire, elle progresse chez les pédés, et ça, on a tendance à l’oublier… Quand d’aucuns parlent de « la fin du sida », nous constatons au contraire le relâchement prévisible d’une communauté qui ne parle plus de sida.Les dernières années ont vu le retour de la honte : témoignages à visage masqué de personnes vivant avec le VIH, représentations archaïques de la maladie (l’enquête KAPB, sur les représentations de la maladie, a par exemple montré que de plus en plus de personnes croient à une transmission du virus par piqure de moustique…).
Pas la fin du sida, donc, mais une période située quelque part entre le début et la fin de cette épidémie qui touche si durement nos minorités : pédés, trans’, usagerEs de drogues, travailleurSES du sexe, femmes, prisonniers… Nous ne céderons pas à la honte, aux stigmatisations, à l’abattement. Parce qu’un pédé sur cinq est contaminé, il faut continuer à lutter.
Nous sommes les 20%, occupons la lutte contre le sida, battons nous pour de véritables politiques de prévention, à la hauteur des enjeux du moment, pour un accès élargi aux traitements et aux droits. Pour que cesse cette hécatombe, il faut jouer sur tous les tableaux : expertise, recherche, politique.
Aujourd’hui, le débat se complexifie : on parle PrEPs (prévention biomédicale, par prise d’antirétroviraux chez les séronegs), TasP (l’idée que le traitement des personnes séropositives permet de réduire les risques de transmission), etc.
Ces questions ne sont complexes que si on ne s’en empare pas, et derrière l’apparence barbare des sigles, il y a des débats qui concernent nos vies, nos façons de prendre du plaisir, nos choix pour l’avenir de la communauté.
Ce n’est pas rien. Nos principes : savoir pourquoi on lutte, prendre le pouvoir sur l’épidémie et occuper la prévention en rappelant que contre le sida, le préservatif et des dépistages réguliers sont nos meilleurs alliés.
Pour ne plus avoir à rappeler ce chiffre dans les années qui viennent, pour mettre un terme à cette épidémie, rejoignez Act Up-Paris. Nous marchons aujourd’hui contre le sida, mais nous luttons aussi le reste du temps, de toutes nos forces, contre cette épidémie qui n’en finit pas. Pédé, gouine, trans’, queer, séropo, séroneg : nous avons besoin de toi, rejoins Act Up-Paris !
Déjà en 2010, Yagg nous alertait sur le sujet Voir la vidéo de Yagg