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Aujourd’hui commence la XIXe conférence mondiale de lutte contre le sida (AIDS 2012) à Washington. Cette conférence réunit les activistes, médecins, industrielLEs, politiques du monde entier pour décider des orientations majeures de la lutte contre le sida, faire état des avancées de la recherche, parler de la situation des personnes vivant avec le VIH. Parmi des centaines d’activistes, Act Up-Paris sera présente et se donne deux missions : informer (des chroniques seront publiées régulièrement sur notre site internet) et réagir aux annonces qui seront faites lors de cette conférence. Dans un contexte où les bailleurs de la lutte contre le sida se désengagent de manière éhontée, où les politiques nationales pêchent par un manque d’orientations claires et de réactivité, où l’activisme est mis en minorité par des professionnelLEs du sida plus intéresséEs par leur carrière que par la situation des malades, l’exigence est de mise.
Six de nos militantEs sont présentEs à Washington, couvrant par leur expertise l’ensemble des thématiques de la conférence, et plus spécifiquement la prévention, la recherche et les questions internationales.
Nous attendons de cette conférence :
– Un engagement des Etats en faveur de l’accès universel aux traitements ARV. Ce qui implique d’augmenter de façon significative la contribution des pays donateurs au Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose. Ce qui implique également que les pays riches, à commencer par les Etats-Unis et l’Union européenne, cessent de négocier des accords (ACTA, accords de libre-échange comme le TPP américain, ou l’accords entre l’UE et l’Inde) qui vont bloquer les médicaments génériques, donc empêcher une indispensable baisse des prix des traitements. Au contraire, ces pays riches doivent soutenir les pays qui utilisent les dispositions du droit international pour donner aux malades des médicaments à bas prix.
– Une réflexion d’ordre scientifique et politique sur les prophylaxies pré-exposition (PrEP). La FDA (Food and Drug Administration) a autorisé la mise sur le marché du Truvada en PrEP aux Etats-Unis, et cette décision relève du lobby, car elle n’est pas fondée scientifiquement. Toute nouvelle stratégie de prévention doit être mesurée en fonction des attentes de la population concernée. Nous espérons que la décision américaine n’empêchera pas les plus pressés de discuter concrètement de l’efficacité de la PrEP et du modèle de société qu’elle implique : voulons-nous réellement proposer des anti-rétroviraux à des personnes séronégatives, quand la plupart des malades, au Sud, n’ont pas accès aux traitements et quand on compare la prise d’un médicament à l’usage du préservatif ? Voici l’une des questions qui devra être posée lors des discussions.
– Une actualisation des données issues de la recherche sur les questions thérapeutiques, notamment sur la co-infection VIH-hépatites, et du parcours de soins. Egalement la conférence sera l’occasion de juger sur pièce l’implication des pouvoirs publics, des activistes et des firmes sur ces même questions.
La conférence que nous voulons est politique, elle prend en compte la parole des malades, des séronégatifVEs en ce qui concerne la prévention, des associations qui connaissent les réalités du terrain.
La conférence que nous voulons sait faire la part des choses entre d’un côté les décisions motivées par le seul attrait du profit de l’industrie pharmaceutique ou par la rigueur imposée par des Etats pour lesquelles la lutte contre le sida n’est pas une priorité, et de l’autre les résultats tangibles permettant d’avancer dans le traitement de la maladie, dans la prévention de la transmission du virus, dans l’accès de touTEs aux molécules et au système de soin les plus efficaces.
La conférence que nous voulons, enfin, aboutit à des avancées immédiates pour les personnes vivant avec le VIH et ne se contente pas d’effets d’annonces.
La suite dans les prochaines chroniques…