La situation du VIH/sida en République Démocratique du Congo invite à la mobilisation la plus large, afin que soit réalisé l’objectif d’accès universel aux traitements et aux soins à l’échéance de 2015. Le 18 juillet, des organisations de la société civile congolaise ont organisé une manifestation à Kinshasa afin d’alerter les responsables politiques, les bailleurs de fonds et les médias sur la crise humanitaire que traverse le pays.
1 million de personnes vivent avec le VIH/sida.
430 000 sont éligibles au traitement antirétroviral (ARV), mais seules 50 000 y ont accès – soit une couverture de moins de 15 %. La stratégie nationale prévoit l’accès universel en 2015, là où les programmes financés par le Fonds mondial ont comme objectif de parvenir à 92 000 personnes à la fin de 2014. L’engagement de l’Etat congolais est insuffisant, malgré de récentes déclarations positives pour 2012 et 2013, qui demandent encore à être concrétisées. Certains bailleurs de fonds extérieurs se désengagent du pays, là où la situation appelle à un investissement massif.
Face à cette situation, les organisations de la société civile congolaise réunies au sein du Consortium Plaidoyer VIH RDC, ont émis les revendications suivantes :
1) Au gouvernement de la RDC, elles demandent de :
– déclarer l’état d’urgence humanitaire au regard de l’épidémie VIH en RDC ;
– créer un fonds spécial d’urgence pour répondre aux besoins immédiats ;
– faire appliquer la loi qui prône la gratuité des traitements et des soins pour tous les malades ;
– consacrer, dans le budget de la santé, une ligne budgétaire spécifiquement dédiée à l’achat de traitements et de tests de dépistage, et ce, dès 2012 ;
– revisiter la politique d’intégration de la prise en charge du VIH/sida au secteur public de santé, notamment pour donner une place aux modèles communautaires.
2) Aux bailleurs de fonds bi- et multilatéraux, elles demandent de :
– A tous : accroître leur soutien à la RDC, à travers le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, mais aussi via le financement direct de programmes d’accès aux ARV ;
– Union Européenne : prévoir que son prochain Fonds européen de développement consacré à la RDC comprenne un ambitieux volet de lutte contre le VIH/sida ;
– Etats membres de l’Union européenne : consacrer des budgets aux antirétroviraux, notamment à travers leur coopération en matière de soins de santé primaire ;
– Etats-Unis : ont déjà réservé les moyens pour contribuer de manière très significative à la réalisation de cet objectif mais ils ont, jusqu’à présent, refusé d’apporter une réponse d’envergure en RDC. Pourtant, en y allouant des moyens conséquents dès cette année, à travers le Plan présidentiel d’urgence sur le sida (PEPFAR), des dizaines de milliers de patients congolais pourraient profiter, comme d’autres séropositifs, des 2 millions nouvelles initiations au traitement ARV prévues par ce programme pour les années 2012 et 2013.
– L’arrêt des programmes de la Banque mondiale et d’UNITAID constitue une perte de chance pour les séropositifs du pays.
L’opportunité d’offrir une vie digne aux personnes vivant avec le VIH/sida se présentera au gouvernement congolais à brève échéance, à travers une nouvelle subvention du Fonds mondial. Il doit la saisir et montrer sa volonté de changer la donne.
Cependant, le pays ne pourra pas compter sur les opportunités de financement limitées qu’offre le Fonds mondial pour relever ce défi. Nous appelons donc les donateurs internationaux à accroître leur contribution à cette institution, et à financer d’ambitieux programmes autour d’une priorité : la préservation d’un million de vies humaines.