A la veille de l’ouverture des universités d’été du PS à La Rochelle, Act Up-Paris s’inquiète du peu de cas que la nouvelle majorité accorde aux questions de santé et au point de vue des malades :
– La ministre de la santé Marisol Touraine a annoncé début juillet, sans aucune consultation préalable, le maintien des franchises pour soins, malgré leur impact sur l’accès aux soins des malades. Le PS semble donc s’inscrire dans la continuité de l’UMP, en désignant les malades, même les plus précaires d’entre eux et elles, comme responsables des déficits de l’Assurance maladie. Pourtant, d’autres sources de financement existent, plus efficaces et bien plus justes : baisser le prix des médicaments, taxer les bénéfices de l’industrie pharmaceutique, retirer aux grandes entreprises toutes les exonérations de cotisation sociale dont la gauche et la droite les ont gratifiées, et qui n’ont eu aucun effet sur l’emploi, etc ?
– Dans la directe continuité des politiques de Hortefeux et Guéant, la répression s’est maintenue contre des populations entières : Roms, travailleurSEs du sexe, usagErEs de drogues, sans-papiErEs. Cette répression a un impact immédiat sur l’accès à la prévention, le dépistage et les soins. Au lieu de prendre en compte cet impact, le PS semble déterminé à accroître la répression, par exemple en pénalisant les clients de prostituées. Cette mesure, comme le répètent associations de terrain, scientifiques et même l’ONU, entravera un peu plus les actions de prévention, donc provoquera des contaminations au virus du sida. Enfin, malgré les annonces de la Garde des Sceaux, les prisons sont surpeuplées, les conditions sanitaires catastrophiques.
– Il a aura fallu trois mois et beaucoup d’insistance pour que la ministre de la santé reçoive Act Up-Paris. A notre connaissance, nous sommes une des très rares associations de malades, toute pathologie confondue qu’elle ait daigné recevoir. Nous ne tenons pas compte d’une brève rencontre informelle avec les associations de lutte contre le sida à la conférence de Washington, rencontre où elle a brillé par son ignorance des dossiers et par ses renoncements, comme si rencontrer des associatifs ne nécessitait aucun travail de préparation. Cela en dit long sur ce que signifie la démocratie sanitaire pour le PS ; une opération de comm, une expression vide de sens. En outre, la ministre de la santé n’intervient pas publiquement sur les débats où les points de vue de la santé publique s’opposent à d’autres logiques : prostitution, interdiction des soins funéraires, répression, hôpital public, etc. Conclusion logique : la santé n’est pas une priorité pour le PS.
Ce ne sont que quelques exemples qui témoignent du peu de cas que la nouvelle majorité fait de la santé. Nous avons attendu quatre mois pour laisser sa chance à ce gouvernement, qui nous avait promis le changement maintenant. Nous sommes déçuEs – à défaut d’être surprisEs. Nous suivrons donc les débats de La Rochelle, en tirerons les conséquences pour la rentrée sociale et appelons en attendant la base socialiste à interpeller leur dirigeantEs pour que ceux-ci et celles-ci défendent les impératifs de santé.