Le plan National 2010/2014, de Lutte contre le VIH , orchestré en 2009 par Roselyne Bachelot-Narquin, alors ministre UMP de la santé, intègre une approche populationnelle, qui inclut les travailleurs/ses du sexe.
Il fait notamment état des conséquences néfastes des « évolutions législatives » en terme d’accès aux soins et de prévention VIH/IST (cf. page 29). Sont ainsi évoqués la LSI (Loi sur la Sécurité Intérieure) et le « contrôle plus strict de l’immigration ». De manière générale, le Plan admet que le travail de proximité des associations est obéré, et conclut qu’il « s’agit de favoriser et d’adapter l’accès à la prévention des personnes qui se prostituent ».
Les axes de travail dégagés (page 31) consistent à :
– soutenir les actions communautaires en organisant et coordonnant l’offre de prévention des différents acteurs au niveau régional (Action P1) et en recensant et mettant à disposition des associations et des personnes prostituées les documents et outils de prévention VIH/sida et des IST.
– agir sur l’environnement en menant une réflexion avec les services du ministère de l’Intérieur pour les sensibiliser aux enjeux de santé publique liés à la prévention du VIH/sida et des IST pour les personnes qui se prostituent.
– communiquer et agir spécifiquement auprès des personnes qui se prostituent et auprès des clients.
Alors qu’aujourd’hui commence à peine la mise en place du premier axe sous la responsabilité des services administratifs du Ministère de la Santé, la ministre a liquidé les deux autres axes. Aucune concertation interministérielle n’a même été envisagée. « L’environnement » s’est au contraire encore dégradé, au fil des politiques répressives faisant fi de toute notion de santé publique. Les violences et le harcèlement policiers se sont accrus et les préservatifs sont toujours instrumentalisés comme « preuve » de racolage au lieu d’être promus.
Concernant la communication et l’action auprès des clients (cf. page 231), la régression est cinglante. L’objectif d’augmenter les connaissances en matière de prévention, de réduire les demandes de rapports non-protégés afin de diminuer les contaminations, a été dissout dans un dogme pseudo-féministe dont la seule finalité est la répression, joliment nommée « responsabilisation des clients » :
http://www.assemblee-nationale.fr/13/cri/2011-2012/20120078.asp#P614_127812
http://www.assemblee-nationale.fr/13/cri/2011-2012/20120078.asp#P655_139647
http://www.assemblee-nationale.fr/13/cri/2011-2012/20120078.asp#P756_166021
Le travail sexuel, qui constituait un pan entier de l’approche populationnelle du Plan National de Lutte Contre le VIH 2010/2014, a été relégué dans le giron des ministères des Droits des Femmes et de l’Intérieur notoirement dépourvus de tout intérêt pour les questions de santé publique en général, de lutte contre le sida en particulier.
Questionnée sur ce point en juillet dernier par Act Up-Paris lors de la conférence mondiale de lutte contre le sida qui s’est tenue à Washington, Marisol Touraine s’obstinait à ne pas prendre position :
Nous exigeons de Marisol Touraine qu’elle cesse d’être encore plus cynique que l’UMP, revienne sur ses positions démissionnaires et mette en oeuvre tous les axes relatifs au travail du sexe prévus par le Plan national de lutte contre le sida : la santé des travailleurSEs du sexe ne doit pas être subordonnée à la paix au sein du gouvernement.
signataires :
Act Up-Paris, ANA, ARAP-Rubis, Cabiria, Grisélidis, le STRASS, Support Transgenres Strasbourg (STS), « le collectif Droits & Prostitution ».