Act Up-Paris est désespérée du programme élaboré suite aux réunions des différents groupes de travail du Programme d’action gouvernemental contre les violences et les discriminations commises à raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre, présenté ce matin en conseil des ministres et devant les associations LGBT. Cela faisait certes longtemps qu’autant d’associations LGBT n’avaient pas été reçues dans un ministère, mais le résultat est très loin de répondre aux enjeux pratiques qui nous concernent. Act Up-Paris avait participé à ces consultations. Autant dire qu’aucune de nos revendications n’ont été entendues [[ Par exemple, cette proposition sur le dépistage obligatoire ou celle-ci sur les questions internationales ]].
Najat Vallaud-Belkacem privilégie encore une fois la répression avec la proposition d’un alignement des délais de prescription pour les actes homophobes et transphobes sur les actes de racisme, un renforcement de l’accompagnement policier des victimes.
Dans le même temps, elle présente un plan qui n’a d’autre ambition que de former des professionnelLEs de la lutte contre les discriminations des LGBT, au risque, en les régulant, de rendre acceptables ces mêmes discriminations (formation des forces de l’ordre à recevoir les plaintes des personnes trans’, formation des infirmiers, etc.).
N’y a t-il pas mieux devant les discriminations que rencontrent les personnes LGBT vieillissantes, et notamment dans les maisons de retraites, qu’un « module de formation » à destination des infirmiers ?
Najat Vallaud Belkacem a appris à utiliser le terme « identité de genre » à la place d’ « identité sexuelle » pour qualifier les personnes trans’, nous saluons cet effort. Cependant, il faut bien constater qu’une fois encore les trans’ auront été la dernière roue du carrosse.
Alors que sous Sarkozy, la justice est revenue sur la jurisprudence de 1993 qui accordait un changement d’identité après opération stérilisante, la ministre des droits des femmes en est encore à proposer des mesurettes comme l’établissement d’un numéro provisoire de sécurité sociale.
Pourquoi la sécurité sociale ne pourrait pas délivrer des cartes avec le numéro correspondant à la nouvelle vie sociale des personnes ?
De même, Najat Vallaud-Belkacem s’est engagée à envoyer un courrier au CSA à propos des « homos », elle s’est tue pour les trans’. Ne sait-elle pas que les trans’ sont une proie privilégiée du voyeurisme audiovisuel ?
Sur une question aussi importante que les parcours hospitaliers des personnes trans’, elle renvoie la question à plus tard, et à une ministre, Marisol Touraine, qui a déjà démontré son manque d’intérêt sur ces questions.
Sur toutes les questions importantes d’ailleurs, Najat Vallaud-Belkacem renvoie à d’autres ministères, et donc à des plans incertains et visiblement moins urgents, comme pour le suicide des jeunes LGBT. Comme elle l’a très bien résumé, « beaucoup passera par la formation et la communication ». Nous en prenons bonne note.
Par ailleurs, une fois de plus, une ministre hétéra piétine la mémoire et le présent des LGBT. Alors qu’un pédé sur cinq est contaminé, et que l’incidence ne cesse d’augmenter chez les plus jeunes, la ministre ose déclarer que « la sérophobie ne relève pas des questions LGBT », et elle insinue même qu’il serait discriminant d’en parler à propos des personnes LGBT.
Le sida n’est pas un sujet pour le gouvernement.
Les droits des travailleurSEs du sexe homos ou trans’, alors que c’est chez eux que l’épidémie bat son plein, ne sont pas un sujet pour le gouvernement.
Immense retour en arrière : nous ne pouvons que rétorquer SILENCE = MORT. C’est la logique qui a constitué le scandale du sang contaminé. La présence de quelques représentants des minorités sexuelles au gouvernement ne nous fera d’ailleurs pas oublier celle de Laurent Fabius.
Nous exigeons un plan d’urgence pour les personnes lesbiennes, gays, bi et trans’, pour leurs droits et leur santé. Et nous sommes désespéréEs de voir que cela ne sera pas encore le cas avec ce plan.