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Une proposition de loi visant à l’abrogation du délit de racolage public devait figurer à l’ordre du jour de la séance du Sénat, mercredi 21 novembre prochain.

Dans le cadre de cette proposition de loi, Act Up-Paris a été auditionnée, lors d’une « table ronde santé », le 31 octobre dernier.
D’autres structures et personnalités expertes étaient également convoquées : Médecins du Monde, et des représentants du Conseil National du Sida (CNS). Une fois de plus, sur cette question, l’unanimité fût de mise : toutes les structures de santé communautaire et de lutte contre le sida s’accordent à dire qu’il y a urgence à abroger le délit de racolage public. il s’agit par ailleurs, si tant est que ce soit encore un argument de poids, d’une promesse électorale de François Hollande [[(…/…) En réalité, ce qui nuit le plus à l’accès aux soins des personnes prostituées, aujourd’hui, c’est le délit de racolage passif instauré par Nicolas Sarkozy. Il faut supprimer ce délit, qui conduit à repousser la prostitution dans des zones peu accessibles pour les associations et, in fine, se traduit par un moindre accès aux soins et aux services sociaux pour les personnes prostituées. (…/…)]]. Médecins du Monde et Act Up-Paris ont par ailleurs réaffirmé les dangers d’une éventuelle mise en place de la pénalisation des clientEs des travailleurSEs du sexe : abroger le délit de racolage public en mettant en place, en parallèle, cette autre mesure répressive n’aurait aucun sens, les conséquences en termes de santé publique étant strictement les mêmes. C’est avec colère que nous découvrons aujourd’hui que cette proposition de loi a tout bonnement été supprimée de l’ordre du jour de la discussion parlementaire. Via une dépêche de l’AFP, la sénatrice EELV entend expliquer son rétropédalage par le fait que Najat Vallaud-Belkacem attendrait « un rapport plus général sur la prostitution » , évoquant le rapport de l’IGAS intitulé « Prostitution, les enjeux sanitaires et les déterminants associés », et dans le cadre duquel Act Up-Paris a également été auditionnée le 10 juillet. Ce rapport n’a pas pour objet de se prononcer sur le régime juridique de la prostitution en France, la note de cadrage est très claire. (voir PJ) Esther Benbassa explique plus loin que « la ministre veut proposer quelque chose de plus large, de plus global ». Est-ce un scoop pour la sénatrice ? Cette « chose plus large » que peaufinent Najat Vallaud-Belkacem et ses conseillèrEs n’est autre que la proposition de loi Geoffroy (UMP)-Bousquet (PS), funeste coalition dont le fer de lance est la pénalisation des clientEs. Enfin, Esther Benbassa indique qu’elle « ne lâchera pas », et qu’elle « espère que nous ne ferons pas trop attendre ces femmes qui souffrent » (sic).
Esther Benbassa a déjà lâché, et « ces femmes » ne souffrent pas : elles meurent. L’abrogation du délit de racolage public est une urgence sanitaire et un impératif de lutte contre le sida : le gouvernement et Esther Benbassa le savent, mais accordent définitivement davantage d’importance à l’auto-satisfecit d’un ministère qu’à la santé et la sécurité des putes. La stratégie est aussi limpide qu’odieuse : troquer l’abrogation du délit de racolage contre la mise en place de la pénalisation des clientEs. Qu’importe le nombre de travailleuRses du sexe contaminéEs, violentéEs, arrêtéEs ou expulséEs, du moment que l’idéologie abolo-prohibitionniste marque l’histoire. Act Up-Paris exige : – qu’Esther Benbassa se désolidarise des projets de Najat Vallaud-Belkacem visant à abolir les putes. – l’abrogation du délit de racolage public et du délit de proxénétisme de soutien,véritable délit de solidarité, l’abandon du projet de pénalisation des clientEs, – une lutte effective contre la traite, l’exploitation et le travail forcé notamment par la régularisation des travailleurSEs du sexe sans-papiers. – que les travailleurSEs du sexe aient accès aux droits fondamentaux.

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