Sorti pour l’occasion de sa retraite insulaire,
Lionel Jospin a récemment jugé indispensable de s’exprimer sur l’ouverture du mariage aux couples de même sexe..
Lionel Jospin : souvenez-vous ! Premier ministre de 1997 à 2002, il contribuera à une série de privatisations, et soutiendra activement la liberticide « Loi pour la Sécurité Quotidienne ». La santé publique ne sera pas épargnée : Lois de Finances de la Sécurité Sociale (LFSS) qui étouffèrent l’hôpital public, application de façade des 35 heures, hors créations d’emplois, hors progression salariale, qui marqua une importante dégradation des conditions de travail en milieu hospitalier, avec des conséquences néfastes sur le personnel soignant et sur les patientEs.
Lors de la présidentielle de 2002, Lionel Jospin choisit de mener sa campagne sur le thème de l’insécurité, s’engageant résolument sur les terrains traditionnels des plus conservateurs. Il réfute les liens entre insécurité et précarité, tente de flatter un vivier électoral ancré à droite – avec, entre autres, le fameux « le projet que je propose au pays n’est pas socialiste »- , opte pour une communication de conquête, néglige son électorat initial qu’il considère comme acquis, perd les élections dès le premier tour, installe le Front National au second, et part bouder pour une durée indéterminée sur l’Ile de Ré.
Et puis le PaCS… Plus de 9 mois de florilèges homophobes, de frilosité des parlementaires socialistes, plus cramponnéEs à des symboles sociétaux qu’indignéEs par les injures de la droite à l’encontre des homosexuelLEs, et le débat est reporté. Des lustres de reculades, d’hésitations, de désertion, par la « gauche plurielle », des bancs de l’Assemblée. Finalement, le gouvernement Jospin reprendra le PaCS a son compte, le texte sera enfin voté, du bout des doigts et avec moultes garanties données aux franges les plus réactionnaires de la droite, notamment concernant une ouverture future à l’adoption et à la PMA.
Le texte accouché en souffrance sera bancal, vidé de sa substance première par l’ajout de délais en tous genres, retardant l’obtention de droits pourtant essentiels, édulcoré de divers éléments jugés choquants ou trop hâtifs.
La tolérance de la gauche envers l’homophobie la plus crasse et la poltronnerie notoire du PS ont, une fois de plus, entravé et mis à mal ce qui constituait une avancée sociale, mais surtout une urgence : au delà de la question essentielle de l’égalité des droits entre homosexuelLEs et hétérosexuelLEs, la finalité première du PaCS était d’assurer, après 20 ans d’épidémie de sida, la survie matérielle d’homosexuels après le décès de leur conjoint.
Tout ce temps-là, Jospin était chef du gouvernement.
Aujourd’hui que le Parti Socialiste légifère, sur l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, les délais s’allongent, le texte s’étiole, un boulevard est ouvert aux homophobes les plus criminelLEs, le PS se terre dans un odieux mutisme face au déferlement de haine dont font l’objet, chaque jour, via des media eux aussi bien complaisants, les LGBTI.
C’est dans ce contexte que Lionel Jospin, sans doute un brin nostalgique, décide de rappeler sa position, la même qu’il y a 15 ans : « l’humanité toute entière est structurée hommes/femmes ».
Il réfute également le terme « mariage pour touTEs », selon lui, il sera plus exact de parler de « mariage offert aux couples homosexuels » (sic).
Que le PS nous épargne au moins les tirades déplacées de ses revenantEs. Que Lionel Jospin retourne à son rapport sur « la rénovation de la déontologie de la vie politique », nous espérons que dans le cadre de cette rédaction, il apprendra des choses.
Act Up-Paris exige : que la direction du PS désavoue publiquement Lionel Jospin ainsi que tous les homophobes du PS.