Des études récentes apportent des résultats contradictoires quant à la transmission et la contamination du VIH sous contraception. Si les analyses diffèrent, les conclusions sont identiques : la contraception ne protège pas de la transmission du virus, et ne doit pas faire abandonner l’usage du préservatif.
La première étude publiée en mars indique un risque accru de transmission du VIH sous contraception. Une équipe de chercheurs a évalué l’association entre l’usage de contraceptifs hormonaux et le risque de contraction du VIH par les femmes d’une part et la transmission du VIH des femmes à leurs partenaires masculins d’autre part. L’étude prospective a suivi 3 790 couples hétérosexuels sérodifférents participant à des études dans différents pays africains. Ils ont comparé le taux de contraction du VIH par les femmes et de transmission des femmes aux hommes chez les utilisatrices et non utilisatrices de contraceptifs hormonaux oraux et injectables, le principal critère de jugement étant la séroconversion au VIH.
Parmi les 1 314 couples dans lesquels la femme était séronégative, le taux de transmission du VIH a été de 6,61 pour 100 personnes par années chez les femmes qui utilisaient une contraception hormonale, contre 3,78 pour 100 personnes par années chez celles qui n’en utilisaient pas.
Parmi les 2 476 couples dans lesquels l’homme était séronégatif, le taux de transmission du VIH a été de 2,61 pour 100 personnes par années dans les couples où la femme utilisait une contraception hormonale et d’1,51 pour 100 personnes par années dans les couples où ce n’était pas le cas.
Les chercheurs concluent qu’il existe un risque de contraction et de transmission du VIH, avec la contraception hormonale, en particulier par voie injectable et insistent sur l’importance d’une double protection avec des préservatifs pour faire diminuer le risque. Les méthodes de contraception non hormonales ou à faibles doses devraient être envisagées pour les femmes vivant avec VIH ou faisant partie d’un groupe exposé au risque.
Une autre étude montre que la contraception n’augmente ni le risque de contracter le virus ni le risque de progression chez les femmes vivant déjà avec le VIH. Les chercheurs californiens de l’étude ont suivi durant deux ans 4.913 femmes de 18 à 49 ans ayant un risque d’être contaminées par le VIH. Durant cette période, 288 femmes ont été contaminées. L’utilisation d’une contraception orale n’a pas été associée à une augmentation du risque d’infection par le VIH, l’équipe parle même d’absence totale de risque pour la pilule. Mais pour la contraception injectable, les résultats étaient un peu moins clairs, avec de légères augmentations de risque sans atteindre une significativité statistique.
Dans une autre étude ougandaise présentée, là aussi la contraception hormonale n’a pas été associée à une élévation significative du risque de transmission ou d’acquisition du VIH. Et dans cette étude, à l’inverse de la précédente, c’est la contraception orale qui présentait une légère hausse de risque, tout en restant non significative, et la contraception injectable qui n’en présentait aucun.
Les femmes vivant avec le VIH pouvant également utiliser une contraception, se pose alors la question sur la progression de la maladie. Une étude de suivi de 2.236 femmes séropositives conclut que la contraception n’est pas associée à une augmentation du risque de progression (décès, initiation du traitement, descente des CD4 en-dessous de 200/mm3). Il y avait même une baisse de risque, qui atteignait juste la significativité statistique, et aucune différence entre les contraceptions orale ou injectable. Ces résultats peuvent rassurer sur l’utilisation d’une contraception hormonale chez les femmes vivant avec le VIH, à condition de ne pas oublier le préservatif.
En février dernier, un groupe de travail de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a revu l’ensemble des données disponibles sur le sujet et a estimé que les données continuaient à pencher en faveur d’une absence d’effet significatif de la contraception hormonale.