Le Centre Moulin Joly-Croix Rouge française est spécialisé dans la prise en charge ambulatoire des personnes hautement précarisées ayant une ou plusieurs maladies infectieuses ou risquant d’être infectées à cause de leurs conditions de vie. Il s’agit également de prendre en charge des personnes, dont la maladie est transmissible, comme la tuberculose, y compris quand elles ne bénéficient pas de couverture sociale. Environ 700 personnes sont accueillies chaque année.
Il y a deux mois, le Centre Moulin Joly avait lancé une demande de soutien indiquant qu’il n’avait plus de budget, qu’il risquait de sortir de l’hôpital Henri Dunant-Croix Rouge française et qu’il s’était vu suspendre les financements permettant de prendre en charge les personnes sans couverture sanitaire en attente d’ouverture de droits, c’est-à-dire d’acheter des médicaments. Ceci, alors même que les délais pour se voir ouvrir des droits s’allongent.
Nous avons appris que le Centre a commencé à réorienter des personnes vers d’autres structures qui ne leur sont pas adaptées. Parmi les personnes qui ont été réorientées, certaines ont d’ores et déjà renoncé aux soins. En effet, la nécessité d’une structure comme celle du Moulin Joly tient en ce qu’elle réussit à s’adresser aux personnes les plus exposées aux risques sanitaires via une approche à la fois « bas seuil », pluridisciplinaire et ambulatoire. Elle répond aux manques cumulés de la médecine de ville, de l’hôpital, des réseaux, dispensaires…
Quels sont les risques si le Centre Moulin Joly ferme ou ne peut plus remplir ses missions ?
– sans accès continu aux traitements antirétroviraux, les risques de mutations résistantes du VIH sont avérés, il y a donc un risque vital pour les séropositifVEs,
– sans les moyens d’une pluridisciplinarité efficace, les personnes perdent le lien avec le système de santé et d’accès aux droits, or nombre des maladies couvertes par le centre ne peuvent être soignées que dans des conditions de salubrité, il y a donc encore un risque vital,
– les communautés actuellement accueillies n’auront plus accès aux dépistages,
– sans soins, les personnes porteuses d’une maladie contagieuse, risquent de la transmettre, il y a donc un risque pour la santé publique.
Act Up-Paris exige que Jean-François Mattei, président de la Croix Rouge française, et Claude Evin, directeur de l’ARS Ile-de-France, donnent des garanties claires sur l’avenir du Centre Moulin Joly.