Ce contenu a 12 ans. Merci de lire cette page en gardant son âge et son contexte en tête.
Actuellement, si la vingtaine d’antirétroviraux permet de prolonger la vie sur plusieurs décennies, ils entraînent des effets indésirables, parfois graves (problèmes cardiaques, osseux, cognitifs, rénaux) et n’empêchent pas l’inflammation chronique et l’activation permanente du système immunitaire. Les personnes dépistées tardivement ont une véritable perte de chance thérapeutique et 13 % des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) ont une charge virale plasmatique qui ne descend pas en dessous du seuil de détectabilité (supérieure à 50 copies/mL). Selon l’enquête mortalité 2010, 56 % des PVVIH qui décèdent ont une charge virale indétectable et la part des morts dues à des cancers augmente. En France, on meurt toujours du virus du sida, des effets indésirables des traitements et des co-pathologies. La moyenne d’âge au décès est de 50 ans.
Les effets indésirables des traitements sont souvent mal pris en charge par les infectiologues et ne sont pas reconnus comme pathologies associées aux traitements du VIH. Si la prise des antirétroviraux tend à s’alléger via des associations de molécules développées par les firmes, le gouvernement reste dans l’expectative face à un projet de recherche visant à alléger les posologies. Le projet d’essai ICCARRE (Intermittents en Cycles Court, les AntiRétroviraux Restent Efficaces) devrait être soutenu afin de ne pas faire prendre des doses inutiles de chimiothérapies tout au long de la vie aux séropositifVEs. L’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales se met très tranquillement au travail… En cas de vérification de l’hypothèse de l’essai, le bénéfice d’une réduction de l’exposition aux traitements pour la qualité de vie des personnes et leur santé s’accompagnerait de surcroît d’une réduction du coût pour l’Assurance Maladie.
Alors que la co-infection VIH-hépatite C est l’une des principales causes de décès chez les séropositifVEs au VIH et que les ‘pipelines’ de molécules anti-VHC en développement sont pleins, Marisol Touraine devrait s’assurer que l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) et des produits de santé tienne des exigences fermes en matière d’études d’interaction entre différentes molécules (médicaments, drogues et produits de substitution). Les firmes pharmaceutiques ne mettent pas en place d’elles-mêmes des études d’interactions avec des médicaments commercialisés par leurs concurrents. Des partenariats entre certaines firmes devraient se mettre en place pour « booster » les réponses thérapeutiques au-delà de la concurrence boutiquière. L’ANSM a le pouvoir de les y contraindre et de leur faire financer des études indépendantes.
Plus de trente ans après le début de l’épidémie, alors que la preuve est faite de la responsabilité des pouvoirs publics sur sa dynamique et ses conséquences, ces derniers sont en train de s’endormir ou de se reposer sous leurs lauriers.