Dans le cadre de la proposition de loi d’Esther Benbassa (EELV) débattue jeudi au Sénat, le groupe socialiste semble avoir renoncé à sa motion de renvoi : le texte fera demain l’objet d’un examen détaillé. Mais deux sénateurs socialistes, Jean-Pierre Godefroy et Philippe Kaltenbach (déjà responsable de la proposition de report sine die de la loi) proposent de rétablir le délit de racolage tel qu’il était en vigueur avant la loi Sarkozy.
Pour les deux sénateurs, il y aurait un « vide juridique » à combler. Donc pour Godefroy et Kaltenbach, une répression des prostituées se justifierait ; tout ne serait que question de forme. L’idéologie répressive est très claire et cette proposition fait voler en éclat l’apparence abolitionniste que les deux parlementaires voudraient se donner. AucunE parlementaire votant cet amendement ne pourrait plus dire ensuite que les travailleurSES du sexe ne sont pas coupables, mais sont des victimes !
Toute répression, qu’elle concerne les prostituéEs ou leur client, contribue à détourner les travailleurSEs du sexe de la prévention, du dépistage, des soins. Elle les expose à davantage de violence de la part de clients ou des forces de l’ordre. Un exemple parmi d’autres : la présence de préservatifs dans le sac est un prétexte pour accuser unE prostituéE de racolage. Par peur de la répression, certainEs renoncent à se protéger et à protéger leur clientE.
Comme nous l’avons rappelé hier, prostituéEs, association de terrain et expertEs de la lutte contre le sida ont prouvé l’urgence d’une abrogation totale du délit de racolage public.
Le refus de ces socialistes de considérer les enjeux de santé, à commencer par la prévention du VIH / sida et des IST est alarmant. Les parlementaires soutenant tout amendement répressif ne pourront pas dire « je ne savais pas » face à un nouveau scandale sanitaire dont ils et elles seront responsables, ou qu’ils et elles n’auront pas empêché. Il ne s’agit pas de rhétorique. Il s’agit de santé, de vie et de mort, et il serait temps que certains socialistes s’en rendent compte.
Parce qu’ils ignorent tout des enjeux du sida, nous exigeons que les deux sénateurs reçoivent de toute urgence, ce mercredi, des représentantEs d’Act Up-Paris, d’associations ou de syndicats de prostituéEs, de santé communautaire et de lutte contre le sida.
Nous demandons au groupe socialiste et à l’ensemble des parlementaires de refuser tout amendement répressif à la proposition de loi. Nous demandons que le gouvernement dénonce ces amendements répressifs. Nous exigeons enfin que nos éluEs cessent d’ignorer les enjeux de santé quand ils et elles parlent de prostitution. Cette promesse électorale doit être tenue : abrogation totale du délit de racolage.
http://www.cns.sante.fr/IMG/pdf/2010-09-16_avi_fr_prevention-2.pdf
http://www.undp.org/content/dam/undp/library/HIV-AIDS/Governance%20of%20HIV%20Responses/Commissions%20report%20final-FR.pdf
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/124000667/0000.pdf