Actuellement, la faible représentation des femmes dans les essais implique que les médicaments sont mis sur le marché sans que l’on ait de données sur leurs effets indésirables spécifiques chez les femmes. Par ailleurs, quand il y a une proportion correcte de femmes, les analyses selon le genre sont loin d’être systématiques et ne permettent donc pas d’en tirer des enseignements. Il est donc nécessaire de faire prendre conscience aux pouvoirs publics, agences de régulation ou de recherche et aux investigateurRICEs que ce statu quo n’est pas admissible.
C’est pourquoi, le 6 novembre 2012, Act Up-Paris a publié un communiqué de presse demandant à Marisol Touraine de porter la question de l’égalité femmes-hommes dans la recherche thérapeutique et la sécurité sanitaire lors d’un séminaire gouvernemental et d’une rencontre avec Geneviève Fioraso, la ministre de la recherche.
Act Up-Paris exigeait :
– la parité dans les essais qui seront soumis à autorisation de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM),
– des études complémentaires pour les médicaments en essai de phase III qui ne respectent pas la parité ou mis sur le marché sans que l’on ait des données suffisantes sur leurs effets indésirables parmi les femmes (c’est désormais ce que fait la Food and Drug Administration (USA) ; voir l’article sur l’essai WAVES,
– que Marisol Touraine indique comment elle compte faire avancer la question de la parité femmes-hommes dans la sécurité sanitaire.
Ce communiqué a obtenu une couverture médiatique importante et mi-novembre nous avons adressé un courrier à Marisol Tourraine, sollicitant également Geneviève Fioraso et Najat Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes.
Pour le premier décembre 2012 :
Le communiqué de presse du Planning familial a dit faire siennes les revendications d’Act Up-Paris. Le TRT-5 et Act Up-Paris ont remis en main propre des dossiers à Geneviève Fioraso et Marisol Touraine, ainsi qu’à certains de leurs collaborateurRICEs. Nous avons appris de la bouche d’Yves Lévy, conseiller spécial santé au cabinet de Geneviève Fioraso, que Guillaume Houzel a été chargé du dossier au sein du cabinet. Guillaume Houzel est « conseiller social et vie étudiante, culture scientifique et technique ». Étonnant, non ?
Néanmoins, le message semble être passé puisque le 3 décembre, lors du comité de suivi du plan national de lutte contre le VIH et les IST, Marisol Touraine en présentant ses priorités en matière de lutte contre le sida, a évoqué la question de la représentativité de certaines populations dans les essais cliniques et principalement les femmes et les personnes co-infectées, mais sans prendre de réels engagements. Elle a précisé qu’une partie de la réglementation doit être définie par la Communauté Européenne et qu’il est nécessaire de faire prendre conscience de cette nécessité aux équipes de recherche clinique.
Deux mois et demi plus tard, au cours d’un rendez-vous entre la direction de l’ANRS et le TRT-5, le directeur de l’Agence, Jean-François Delfraissy, nous a informéEs qu’à la demande des ministères, une évaluation des recherches était en train d’être réalisée et qu’elle devrait être rendue courant mars.
Selon nous, cette évaluation doit porter sur les recherches passées et en cours. Pour chaque essai promu par l’ANRS, elle doit indiquer :
– le pourcentage de femmes parmi les participants,
– si une analyse tenant compte du genre a été faite et, si oui, qu’elle en était la conclusion.
Il serait par ailleurs intéressant qu’elle permette de voir s’il y a eu dans le temps des évolutions dans les pratiques.
En rappelant que l’absence de prise en compte des femmes dans la recherche clinique n’est pas spécifique au VIH/sida, nous attendons maintenant des ministres qu’elles indiquent quels seront le cadre de travail et le calendrier de leur action pour mettre plus d’égalité dans la recherche et le soin.